La Bibliothèque nationale de France pioche dans ses fabuleuses réserves pour nous faire revivre l’invention de la Renaissance au travers des manuscrits et autres joyaux des 14e et 15e siècles qu’elle a pour mission de conserver.
Il n’est pas de plus bel écrin que le site de Richelieu et sa galerie Mansard pour accueillir le parcours. Pour y accéder, il faut traverser le jardin Vivienne, le long de la rue du même nom, où se fait maintenant l’accueil de la BnF depuis que le Quadrilatère Richelieu a été rénové.
Ce jardin, hortus papyrifer – le jardin papyrifère –, est un jardin-œuvre d’art. C’est un nouveau jardin sur le site Richelieu, un espace vert de 1 900 m², où les espèces choisies pour le peupler sont des plantes qui interviennent dans l’élaboration de supports d’écriture.
Depuis notre dernière visite en février 2023, la végétation s’est épanouie, le jardin est maintenant une vraie oasis où il doit faire bon musarder à l’abri de l’agitation du quartier. Mais l’humaniste, le prince et l’artiste nous attendent, c’est le sous-titre de l’exposition.
Entre le 14e et le 16e siècle, l’Europe connaît un renouveau intellectuel, artistique et scientifique sans précédent. Désignée plus tard sous le nom d’« humanisme », une culture s’invente, marquée par un nouveau rapport au savoir et un retour aux sources gréco-latines. L’exposition, consacrée à ce mouvement de pensée, propose un parcours à travers plus de 240 œuvres, manuscrits, livres imprimés, estampes, dessins, sculptures, objets d’art, monnaies… qui plonge le visiteur dans l’univers des humanistes de la Renaissance.
La postérité a consacré sous le nom de Renaissance cette effervescence intellectuelle, artistique et scientifique nouvelle. L’humanisme en constitue le cœur : né dans l’Italie du 14e siècle et caractérisé par le retour aux textes antiques et la restauration des valeurs de civilisation dont ils étaient porteurs, le mouvement humaniste a produit en Occident un modèle de culture nouveau, qui a modifié en profondeur les formes de la pensée comme celles de l’art.
Le parcours de l’exposition conduit du cabinet de travail privé du lettré s’entourant de ses livres dans son studiolo jusqu’à l’espace ouvert au public des grandes bibliothèques princières. Entre ces deux moments qui disent l’importance capitale des livres et de leur collecte, le visiteur est invité à explorer les aspects majeurs de la culture humaniste de la Renaissance : le rôle fondateur joué au 14e siècle par Pétrarque et sa bibliothèque ; la redécouverte des textes antiques et la tâche de leur diffusion par la copie manuscrite, le travail d’édition, la traduction ; l’évolution du goût et des formes artistiques qu’entraîne une connaissance toujours plus étendue du legs de l’Antiquité ; la promotion nouvelle de la dignité de l’être humain et des valeurs propres à sa puissance d’action et de création.
C’est une exposition de bibliothèque : tout au long du parcours, on découvre des manuscrits magnifiquement calligraphiés et enluminés et des livres imprimés inspirés par des modèles empruntés à l’Antiquité. Le dialogue s’établit entre l’art du livre de la Renaissance et les arts plastiques et visuels de l’époque : peinture et sculpture, art de la médaille et de la reliure, gravure et dessin.
On quitte l’exposition en méditant un adage du philosophe et humaniste Érasme : « L’homme qui relève la culture des lettres de ses ruines, chose presque plus difficile que la créer, fait une œuvre sainte et immortelle. Il ne travaille pas pour tel pays seulement, mais pour tous les peuples de l’univers et toutes les générations ».
On peut bien sûr continuer à baguenauder sur place, arpenter les salles du musée, tailler une bavette avec Voltaire, feuilleter le catalogue de l’exposition dans la salle ovale, acheter toute la boutique, retourner musarder dans le jardin.
Décidément, je ne peux m’empêcher de penser, à chaque visite, que rien n’est plus beau qu’une bibliothèque en général et cette bibliothèque en particulier.
Pétrarque vous attend jusqu’au 16 juin.
Pour en savoir plus, télécharger le dossier de presse de l’exposition.
La bande-annonce ci-dessous (cliquer pour lancer).
1 commentaire
Matatoune · 10 mai 2024 à 6 h 51 min
Oui, une visite très agréable sur un sujet qui grâce à cette exposition devient accessible !