Bon, d’accord ! Il n’a pas été très franc du collier quand il aurait fallu défendre Jeanne d’Arc en 1431 (cependant il a œuvré plus tard pour sa réhabilitation) et on lui reproche d’avoir retardé la reconquête du pays face aux Anglais. Mais c’est tout de même lui, Charles VII, qui a su, de manière intelligente, ramener la paix mettant fin ainsi à la guerre de Cent Ans en 1453.
Alors, c’est justice que le musée de Cluny célèbre un peu ce roi assez décrié (le « roi de Bourges » disaient ses ennemis, un peu comme si on disait le « président des bourges ou des riches » aujourd’hui) en mettant l’accent sur la vie artistique de cette fin de Moyen-Âge. Car, sous le règne de Charles VII, l’art connaît un extraordinaire renouveau artistique. L’exposition Les arts en France sous Charles VII (1422-1461) présentée au musée national du Moyen Âge, du 12 mars au 16 juin 2024 met en lumière ce moment charnière de l’histoire de l’art.
Le contexte historique n’est pas réjouissant car, depuis 1420, les Anglais ont la mainmise sur le royaume et le dauphin, réfugié à Bourges, se trouve exclu de la succession. Il faut l’épopée de Jeanne d’Arc pour lui redonner confiance et permettre son sacre à Reims (1429). Après avoir fait la paix avec la Bourgogne (1435), Charles VII se lance dans des réformes militaires et institutionnelles qui lui permettent de reconquérir les territoires aux Anglais (1453) et, progressivement, de mener à bien la réorganisation du royaume.
D’une personnalité moins faible et indécise qu’il n’a été dit, il s’est montré amateur de livres et de faste. Autour de lui, ses grands officiers se sont comportés en mécènes éclairés, résolument engagés dans l’avant-garde artistique de leur temps. Le royaume de France, bordé par les Pays-Bas bourguignons au nord et l’Italie au sud, n’a pas connu à cette époque l’effervescence artistique de ces deux pays en rupture totale avec l’art médiéval mais plutôt une évolution progressive inspirée de ces voisins.
C’est cette évolution artistique, prémices de la Renaissance en France, sur les 40 ans du règne de Charles VII que l’exposition nous fait découvrir. Installées dans le frigidarium des thermes romains du musée, les œuvres proposées bénéficient d’un environnement en adéquation avec elles, même si elles doivent se sentir parfois un peu à l’étroit (les visiteurs aussi s’ils sont nombreux). En voici un rapide aperçu.
Pour plus d’informations, on peut consulter le dossier de presse.
À l’issue de cette exposition, il faut bien entendu continuer la visite du musée qui mérite qu’on s’y attarde longuement, tellement il a été magnifiquement rénové (mais là, je dois me répéter).
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