Ce qui est chouette avec les idées reçues, les clichés qu’on a dans la tête, c’est de les faire s’évaporer en découvrant une réalité bien différente de ses a priori. Par exemple, pour moi, la ville de Metz conservait encore sa réputation de ville de garnison perdue au milieu d’un environnement industriel déprimant, bien que nos visites à Strasbourg et à Nancy m’aient conduit à réviser mon opinion sur le Grand Est.
Certes, le Centre Pompidou-Metz et la gare ferroviaire justifiaient à eux seuls une rapide visite, d’autant que la ville est accessible depuis Paris en moins d’une heure et demie par TGV. Sur place, bien évidemment, j’ai découvert bien d’autres choses (je m’en doutais un peu après avoir lu Le Routard).
À peine débarqués du TGV, nous nous dirigeons vers le Centre Pompidou-Metz situé à quatre cents mètres dans le quartier de l’Amphithéâtre rempli de constructions récentes. Avant de visiter le musée, nous allons nous sustenter au Bistro Régent à côté. L’architecture résolument moderne du musée ne détonne pas au cœur de ce quartier, les courbes de sa couverture rappellent les formes d’une toile de tente du désert. Les larges baies vitrées complètent cette impression en assurant une continuité visuelle entre l’intérieur et l’extérieur de l’édifice. Très réussi.
Aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur, on remarque tout de suite l’étonnante charpente en bois qui ressemble à un cannage de chaise épousant la forme de la toile et se prolongeant verticalement jusque dans les piliers.
Le Centre Pompidou-Metz ne présente pas de collection permanente, elle ne propose « que » des expositions temporaires. Nous pouvons ainsi Déplacer les étoiles avec Katharina Grosse et ses immenses toiles peintes suspendues dans la « grande nef », comprendre que la création peut naître de la Répétition comme Marie Laurencin nous le montre avec sa reformulation des Demoiselles d’Avignon de Picasso et enfin rendre hommage au peintre surréaliste André Masson pour qui il n’y a pas de monde achevé en parcourant son intéressante rétrospective au dernier étage du musée d’où l’on a un beau panorama sur la ville.
Bien sûr, il y a quelques œuvres déroutantes comme dans toute exposition d’art contemporain. Ainsi ces planches rouges posées contre le mur ne sont pas, comme je l’ai cru au premier abord, des étagères en attente de montage mais bien une œuvre de l’artiste belge Marthe Wéry, Aware. J’apprends que, par leur verticalité et leur luminosité, les peintures rouges confèrent une dimension particulière à l’espace blanc de l’exposition et qu’après plusieurs recherches approfondies sur la couleur rouge, Wéry se pencha également sur le bleu, le jaune et le vert. J’espère qu’elle a aussi osé l’horizontalité.
Et il y a aussi ces hommages au carré, ces panneaux monochromes devant lequel il faut pas manquer de s’extasier.
Après ces deux petites heures de visite très plaisante, nous repassons par la gare et l’hôtel des postes afin de nous diriger vers le centre ville où notre hôtel nous attend en plein secteur piétonnier. Après une courte pause, nous partons à la découverte du centre et notamment de la cathédrale Saint-Étienne. Cet édifice dont la construction a duré trois siècles à partir de 1220 cumule des superlatifs : c’est non seulement la cathédrale de France ayant la plus grande surface vitrée, près de 6 500 m2, mais également celle qui présente les plus grandes verrières gothiques d’Europe. Quant à la hauteur de ses voûtes, elle n’est surpassée en France que par les cathédrales de Beauvais et d’Amiens.
Je ne me lasse pas d’admirer la majesté de l’architecture, les verrières aux extrémités du transept, les vitraux dont deux sont signés Marc Chagall, la magnifique rose au-dessus du portail d’entrée et cet étonnant petit orgue « en nid d’hirondelle » suspendu au-dessus de la première arche de la nef.
Nous continuons à déambuler dans les rues du centre, il faut dire que quasiment tout est réservé aux piétons, ce qui rend la balade particulièrement agréable. Nous franchissons un bras de la Moselle jusqu’à la place de la Comédie avant de revenir vers le quartier des Roches.
Une pause rafraichissante nous attend un peu plus loin sur la place Saint-Louis et c’est à la crêperie Saint-Malo que nous terminerons notre première journée messine.
Le lendemain, nous continuons nos pérégrinations par le cloître des Récollets puis, le long de la Seille, affluent de la Moselle, par une promenade au pied des remparts, appelée chemin des Corporations car chacune de ces dernières était chargée de l’entretien et de la défense d’une tour jalonnant cette fortification : tours des Couteliers, des Tailleurs, des Chaudronniers, etc. Nous rejoignons la Moselle et le centre, déjeunons à la Cave des Trappistes, sur sa belle terrasse ombragée, au pied du marché couvert. Nous poussons jusqu’au plan d’eau aménagé en base de loisirs et son port de plaisance, en passant par une vielle écluse et la maison de l’éclusier.
Avant de reprendre le TGV en fin d’après-midi, nous avons largement le temps de visiter le musée de la Cour d’Or, musée historique, archéologique, architectural et de beaux-arts de Metz. L’entrée, gratuite, se fait par la chapelle de l’ancien couvent des Petits-Carmes qui a aussi abrité la bibliothèque municipale. Magnifiquement restaurée, elle permet d’accéder aux collections du musée qui sont abritées dans un ensemble de décors d’époques variées, dont la première remonte à l’antiquité avec les thermes romains. Pas de plan fourni aux visiteurs pour déambuler dans ce labyrinthe étonnant, il est plus prudent de suivre la numérotation d’une salle à l’autre.
Parmi ces collections, la plus impressionnante pour moi est celle qui reconstitue le quotidien et le contexte social de la vie à Metz au moyen-âge. Reconstituer est le bon terme, car on peut quasiment se promener dans un ensemble de ruelles, de mezzanines d’où l’on peut admirer des vestiges anciens remis en scène. Des plafonds magnifiquement décorés (bestiaires, armoiries) sont également exposés, après avoir été récupérés dans des demeures médiévales du centre ville avant leur démolition.
La visite se termine par les collections de peintures datant de la Renaissance au 20e siècle. Je découvre une Judith (et Holopherne) un peu originale, car, au lieu d’avoir déjà tranché la tête de son amant d’un soir, elle ne fait, ici, que se préparer à passer à l’acte. Nous retrouvons aussi Émile Friant, peintre déjà célébré par le musée de Nancy.
Comme nous avons bien suivi les conseils en suivant scrupuleusement la numérotation des salles, nous retrouvons la sortie du musée par la chapelle du début ! Superbe visite, ce musée vaut le déplacement, autant pour ses collections que pour ses décors historiques. D’ailleurs, c’est Metz qui mérite le détour pour son centre piétonnier, son environnement très vert, ses monuments, ses musées, son animation.
Le temps d’attraper la navette gratuite qui parcourt le centre ville et nous voila revenu à la gare pour une retour rapide à Paris.
0 commentaire