Pour prendre le chemin de Niort cet été, nous avons tenté la randonnée à vélo pour changer du TGV, voire de la bagnole (plus rare). Cependant, accomplir le périple complet depuis la capitale à vélo nous semblait un peu long, aussi avons-nous décidé de débuter cette randonnée cycliste à Tours. L’occasion de reprendre la Loire à vélo là où nous l’avions laissée voici neuf ans !

La Loire à Savonnières

Les cinq étapes du trajet Tours – Niort sont organisées avec arrêt dans des hôtels assurant également l’hébergement des vélos. Au retour, nous effectuerons deux étapes entre Poitiers et Tours. Le reste sera parcouru en TER, dans lequel, en principe, les vélos sont acceptés sans trop de contraintes, contrairement aux trains Intercités et aux TGV.

Mercredi 16 août

Départ en TER pour Tours avec nos vélos (à assistance électrique) bien chargés à 7 h 38 à la gare d’Austerlitz. Nous sommes surpris par le nombre de cyclistes qui embarquent, largement plus nombreux que les emplacements vélos disponibles. Nous avons réussi à loger nos montures dans des rangements verticaux. Nous arrivons à l’heure (9 h 41) à Tours et prenons aussitôt la direction de la Loire à vélo.

Halte un peu avant midi à la Cabane, écolieu associatif situé à la Chapelle-des-Naux peu après Villandry. Nous déjeunons sur place d’un plat de taboulé et de galettes de courgettes cultivées sur place dans le potager collaboratif. Accueil très sympathique, ambiance détendue, c’est également un bivouac pour les randonneurs à vélo.

À la reprise, la chaleur monte, nous longeons le sentier des Bardeaux de l’Indre, alternative plus calme au cheminement cycliste de la Levée de la Loire. Nous avons retrouvé l’ambiance de la Loire à vélo, avec pas mal de voies cyclistes en site propre ce qui rend la balade agréable d’autant plus qu’il y a peu de dénivelées le long du fleuve.

Nous arrivons à Rigny-Ussé vers 14h30, notre première étape et nous pouvons laisser les vélos et les bagages à l’hôtel mais notre chambre ne sera pas prête avant 16 heures. Ce n’est pas grave, nous avions prévu de visiter le château d’Ussé situé à une portée de mousquet. Il fait partie des châteaux de la Loire, c’est un édifice à l’architecture impressionnante, partagée entre gothique et renaissance, dans un cadre magnifique à flanc de colline dominant la vallée de l’Indre et de la Loire.

La visite est très orientée autour du conte de la Belle au bois dormant, puisque Charles Perrault se serait inspiré du château de Rigny-Ussé pour son décor. C’est limite gnangnan par moment, mais la visite est malgré tout très intéressante, d’autant que l’on peut parcourir une bonne partie des bâtiments, sous-sol, chemin de ronde et greniers compris.

Il y a pas mal de visiteurs, dont de nombreux cyclistes. Nous constatons que beaucoup de ceux-ci n’hésitent pas à laisser leurs bagages sur leur vélo lors de la visite du château.

Nous faisons une pause rafraîchissante dans la « paillote » située face au château puis regagnons l’hôtel pour nous reposer. Dîner vers 19 h au restaurant de l’hôtel avec un menu complet agréable, salade de rillons, cabillaud sauce citronnée, île flottante et cake fondant, pichet de blanc.

Jeudi 17 août

Petit déjeuner et départ matinal pour profiter de la fraîcheur.

Nous roulons assez vite vers Candes-Saint-Martin sur la rive gauche de la Vienne, où nous nous arrêtons pour contempler la collégiale Saint-Martin.

Il est à peine 11 h quand nous arrivons à Montsoreau sur la Loire, au confluent de celle-ci avec la Vienne. Comme Iza l’avait anticipé, nous pouvons laisser nos bagages à la consigne de la Maison du Parc – Office de tourisme pour nous alléger avant de faire un détour par Fontevraud-l’Abbaye pour une exposition Rembrandt en eau-forte au musée d’art moderne de l’abbaye. Environ 10 km aller retour, et une superbe exposition faisant découvrir une fois encore l’immense talent de l’artiste hollandais (j’ai rédigé un article spécifique sur cette exposition).

Fontevraud – Musée d’art moderne – exposition Rembrandt en eau forte

À la sortie, nous allons nous acheter un sandwich et des boissons à la boulangerie du coin. Tarif honteux pour le sandwich à 7 euros et manque d’amabilité de la serveuse. Je croyais qu’il n’y avait qu’à Paris ….

Nous retournons à Montsoreau par la route principale tout en descente vers la Loire. Nous reprenons nos bagages et poursuivons le chemin vers Saumur. La température est bien élevée, le cheminement nous fait passer dans les villages troglodytes, Turquant, Parnay et surtout Souzay-Champigny où la Loire à vélo traverse d’anciens habitats troglodytes en voie de restauration. Nous avions hésité devant certaines dénivelées, mais le passage par les côteaux en vaut vraiment la peine.

Arrivés à Saumur, nous faisons une halte rafraîchissante en centre ville avant de regagner notre hôtel Mercure situé sur l’île Offard. Panorama superbe sur la Loire et la rive en face.

Le soir nous allons faire un tour vers le centre ville mais rien ne nous plaît (très touristique, bars bondés).

Après un apéro rapide, nous revenons vers notre île et jetons finalement notre dévolu sur un resto chinois, la Muraille de Chine, non loin de l’hôtel. Très bon accueil, cuisine soignée, parfait ! Raviolis frits, porc aux champignons noirs pour moi, canard au gingembre pour Isa, demi-bouteille de St-Nicolas de Bourgueuil rouge.

Vendredi 18 août

Départ matinal aussi aujourd’hui avec une superbe vue le fleuve et la ville au lever du jour.

La Loire à Saumur

Premier accroc technique, j’ai cassé un rayon de ma roue arrière ! Un réparateur vélo tout proche ne peut pas nous dépanner mais il nous conseille de passer chez Cycles Cesbron, situé non loin du début de notre trajet du jour. Ce que nous faisons, et avec une grande disponibilité de la part des employés la réparation est effectuée en moins d’une heure et pour un tarif modique. Entre temps, Iza nous a trouvé des sandwichs.

Nous pouvons repartir sans avoir trop perdu de temps. Nous quittons la Loire à vélo et suivons dorénavant la Vélo Francette qui nous mènera jusqu’à Niort en passant par Thouars et Parthenay, presqu’entièrement dans le département des Deux-Sèvres. Plus largement, la Vélo Francette relie Ouistreham à La Rochelle, la Normandie à l’Atlantique.

Après un arrêt photo au pont mégalithique d’Artannes-sur-Thouet, nous faisons une rapide halte à Montreuil-Bellay, mais nous continuons pour pique-niquer près de l’étang de la Ballastière sur la commune de Saint-Martin-de-Lanzay.

Les 20 kilomètres qui restent avant Thouars sont effectués sans trop de difficultés, un bon soleil, un vent de face, une route un peu vallonnée et nous arrivons assez vite à notre troisième étape. Plus que sur les bords de la Loire, le trajet emprunte beaucoup de voies dites partagées, c’est-à-dire avec les bagnoles. Mais dans l’ensemble, ce sont des voies peu fréquentées et la circulation ne pose pas trop de problèmes. La signalisation dédiée aux cyclistes est moins présente que sur la Loire à vélo.

À Thouars, l’hôtel ne devait pas nous délivrer la chambre avant 17 h, il est 14 h, mais le gérant, tout en râlant un peu, nous ouvre et nous donne la clef de notre chambre, ce qui nous soulage d’un grand poids !
Après nous être allégés, nous allons au centre ville boire un coup au Café des Arts et faire quelques achats au Leclerc du coin pour dîner légèrement dans notre chambre (climatisée !).

Samedi 19 août

La pluie nous cueille au lever, retardant notre départ d’une bonne heure. Dès que les prévisions de Météo France nous sont favorables, nous démarrons pour notre plus longue étape, environ 70 km. Il y aura bien quelques gouttes encore mais rien de grave.

Suivant plus ou moins le cours du Thouet, le parcours est chahuté, les creux et les bosses se succèdent, je crains pour l’autonomie de ma batterie. Pour la halte méridienne, nous nous arrêtons à Airvault, décrit comme une charmante cité accueillante.

Nous arrivons au pied des halles où un petit marché se termine, à l’office du tourisme la personne qui m’accueille me propose gentiment de recharger nos batteries bien que les bureaux ferment bientôt. Un monsieur de l’association voisine vante à Isa les mérites de la fontaine souterraine située sous le parvis de la très belle église. Munis de la clef prêtée par la personne de l’OT, nous en effectuons la visite.

Pour se restaurer, c’est plus compliqué, le resto bistro ouvert à côté est complet et ne veut visiblement pas faire d’efforts. Une épicerie coopérative nous fournit quelques denrées que nous avalons rapidement. Dommage que ce village n’ait pas plus de commerces pouvant accueillir quelques visiteurs.

Nous récupérons nos batteries un peu reboostées, remercions chaleureusement notre hôte de l’office du tourisme qui a fait des heures sup pour nous et reprenons la route vers Parthenay.

Nous passons à Saint-Loup-sur-Thouet, commune de Saint-Loup-Lamairé, où il semble qu’il y ait plus de bistrots et restos ouverts qu’à Airvault, nous longeons la rue principale de ce petit village pour aller contempler le surprenant château de Saint-Loup. Nous aurions certainement trouvé de quoi nous restaurer ici.

Nous continuons la route qui longe le lac du barrage de Cébron et emprunte de plus en plus les routes normales heureusement peu fréquentées. Toujours des creux et des bosses ! Petite halte au pont roman de Gourgé où nous franchissons le Thouet.

Encore un quinzaine de kilomètres du même acabit et nous arrivons à Parthenay et à notre hôtel situé en bordure d’un centre commercial. Surprise ! Le gérant de l’hôtel est celui que nous avons quitté ce matin à Thouars (il est venu en voiture, lui), sa famille d’origine pakistanaise se partage la gestion de ces deux hôtels ! Nous avons droit à l’esquisse d’un sourire ce soir.

Dîner à la brasserie de Madame Denise au centre commercial proche. Deux Spritz, assiette charcuterie fromage à partager, burger trop saucé pour moi, tartare pour Isa, verre de St-Nicolas de Bourgueil, en écoutant les conversations (parfois consternantes) des tables voisines.

Dimanche 20 août

Nous avons rendez-vous avec Cathy pour un pique-nique à Saint-Marc-la-Lande à mi-chemin de notre dernière étape vers Niort. Nous partons vers 9 heures, il fait encore un peu frais. Le début de notre parcours nous fait contourner Parthenay le long du Thouet, en passant par la porte Saint-Jacques, puis devant la vieille église Saint-Pierre de Parthenay le Vieux.

La route monte petit à petit. À Soutiers, nous nous arrêtons à la magnifique halte-vélo parfaitement équipée pour les randonneurs, zones de gonflage, de recharge, douches, plancha, bivouac, etc. On aimerait en trouver bien plus souvent, malheureusement c’est la seule que nous avons vue. Nous discutons quelques instants avec un père et son fils qui effectuent un trajet depuis Teneriffe jusqu’en Italie pour y déguster une glace … italienne.

Depuis Parthenay, la signalisation du tracé de la Francette nous semble mieux faite et plus visible. Nous atteignons près de Mazières-en-Gâtine le point culminant de notre périple, un peu plus de 220 m. À Niort, nous serons à 15 m, donc le profil devrait être plus favorable à partir de maintenant.

Nous arrivons à Saint-Marc-la-Lande et découvrons une superbe collégiale adossée à la commanderie Saint-Antoine-de-la-Lande, datant du 15e ou 16e siècle. Accueil très sympathique de la dame présente sur place qui nous explique l’histoire du lieu et nous dirige vers une exposition d’estampes Fantasmagories des Ardents de Charlotte Massip, artiste graveuse.

L’ordre de Saint Antoine était un ordre hospitalier puissant et réputé, spécialisé dans le soin d’une maladie terrible au Moyen Âge, le mal des ardents, appelé aussi plus tard « feu saint Antoine ». Provoqué par l’ergot de seigle, le mal des ardents entraînait à l’époque des ravages considérables dans les populations touchées.

On visite en même temps le bâtiment de la commanderie et la collégiale. Magnifique, impressionnant de trouver au milieu de la campagne de tels témoignages de notre histoire médiévale encore debout et entretenus par des passionnés.

Nous pique-niquons dans le jardin médicinal avec le généreux ravitaillement que Cathy a amené avec elle. Nous repartons vers 14 heures, allégés de la plus grande partie de nos bagages que Cathy a pris en charge. Après Champdeniers, nous passons sous l’A89 qui représente pour moi le début de la banlieue de Niort. Encore quelques montées, la chaleur est intense mais à vélo c’est plus supportable.

Nous passons par Sainte-Pézenne où nous avons fait une randonnée pédestre en juin 2022. En continuant à suivre la Sèvre niortaise, nous pénétrons dans Niort par le jardin des plantes.
Par le centre ville piétonnier et la Brèche, nous arrivons bientôt à destination. 310 km au compteur à vélo depuis Tours.

Niort, terminus, tout le monde descend !
Quinzaine à Niort

Pendant les deux semaines que nous passons à Niort, notre pratique du vélo est moins intense que ces derniers jours. Outre quelques courses, nous ferons une balade d’une cinquantaine de kilomètres pour aller jusqu’à Coulon dans le marais poitevin, histoire de se remettre en jambes avant le retour.

Nous découvrons également, lors d’une randonnée pédestre, le site du Puits d’enfer situé près de Saint-Maixent, au fond d’un vallon rocheux et profond d’environ 50 mètres. Il n’y a plus beaucoup d’eau dans le ruisseau en raison de la sécheresse qui sévit.

Le temps d’une journée, nous « poussons » jusqu’à la mer près de La Rochelle. Nous faisons une belle randonnée autour de la pointe du Chay, promontoire calcaire situé entre les plages d’Aytré et d’Angoulins.

Avant de revenir à Niort, nous passons par La Rochelle pour boire un coup sur le port et visiter le bâtiment de l’Hôtel de Ville que nous avions vu en travaux lors de notre dernier passage.

Autre balade aux environs de Niort, la petite cité de Celles-sur-Belle et sa commune déléguée Verrines-sous-Celles. Celles-sur-Belle est bâtie autour de la magnifique abbaye royale du 12e siècle. Verrines-sous-Celles possède quant à elle une église romane du 12e siècle également, entourée par un cimetière ancien qui semble très chaotique avec ses tombes de guingois.

Retour vers Tours, les 5 et 6 septembre

Le TER nous transporte jusqu’à Poitiers d’où nous démarrons nos deux étapes à vélo vers Tours. L’itinéraire que nous avons prévu reprend plus ou moins le tracé (et ses variantes) de l’EuroVelo 3, également appelée en France la Scandibérique.

La première étape doit nous mener jusqu’à Descartes, plus précisément à Abily où les Vélos de Paulette nous hébergent pour la nuit. Il s’agit d’une location de vélos située le long d’une voie verte, associée à trois ou quatre hébergements « insolites » au camping municipal. Nous avons retenu un « tonneau » !

Un tonneau chez « Paulette »

En réalité, c’est la canicule qui accompagne tout le long du trajet, rendant le voyage pénible par moment. Notamment le premier jour entre Châtellerault et Descartes, après la halte déjeuner. Nous n’avons pas très envie de nous attarder pour faire du tourisme. Cependant, une belle église romane du 12e siècle à Oyré nous invite à faire une pause sous un ciel plombé par les sables du Sahara.

Église romane Saint-Sulpice du 12e siècle à Oyré

Et cette première étape de retour est la plus longue de notre périple avec ses 84 kilomètres. Les batteries de nos vélos ont tenu le choc !

Le lendemain, nous partons dès 8 heures pour tenter d’échapper à la chaleur, l’exiguïté du tonneau n’incite de toute manière pas à la grasse matinée. Après le beau petit déjeuner proposé par Paulette, direction Tours que nous atteignons au bout de quatre heures de pédalage intense, juste avant que la température ne monte trop haut. Il nous reste suffisamment de temps pour un bon déjeuner confortablement installés en terrasse devant l’Hôtel de Ville.

Mais le pire est à venir : le TER qui nous amène à Paris est un train anciennement Intercités dépourvu de toute climatisation et de la moindre ventilation. Les deux heures de trajet sont tout simplement infernales. Merci la SNCF et la région Centre-Loire !

La température qui nous attend à Paris et qui dépasse les 30 degrés est comme un soulagement pour nous. Encore deux petits kilomètres pour rejoindre notre domicile et nous achevons notre périple de 538 kilomètres.


Je craignais en premier les séquences SNCF mais les « difficultés » ne sont pas situées là où je le pensais : à Poitiers, difficile de sortir des quais en vélo (ascenseur exigu, escalator en panne, etc.), utilisation par la SNCF d’un vieux train Intercités à Tours peu adapté au transport des vélos quand on n’est plus tout jeune. Beaucoup d’efforts restent à faire.

Hormis les trains, que de bons souvenirs dans ce périple à vélo qui est une première pour nous de par sa longueur. Nous avons tenu nos prévisions grâce à nos vélos à assistance électrique qui ont « fait le job » sans rechigner : autonomie de 80 à 100 kilomètres si l’on gère correctement l’équilibre entre l’effort physique et l’assistance, sans être épuisé en fin de parcours.

La traversée de la France profonde m’a conforté dans le constat que nos territoires ont une richesse incroyable de patrimoine historique et naturel, mais aussi hélas ! que beaucoup de communes paraissent inanimées, il n’y a plus de commerces, de bistrots. Dommage quand on fait de la marche ou du vélo qu’il ne soit pas possible de se ravitailler « localement ».


Pour en voir plus : mon album photos Rando vélo entre Tours et Niort été 2023


Une petite carte pour retrouver nos traces GPX (la voir en grand dans un autre onglet)


Récompenses :

Prix Orange
  • Cycles Cesbron à Saumur pour leur disponibilité
  • Les personnes en charge de l’accueil à Montsoreau, Airvault, Saint-Marc-la-Lande.
  • La halte-vélo de Soutiers (qu’on aimerait voir plus souvent)
  • Les petits déjeuners de Paulette
Prix citron
  • La désagréable serveuse de la boulangerie Les 3 Lys de Fontevraud-l’Abbaye et les prix effarants de ses sandwichs
  • Le petit con de serveur d’un bar-resto de Saumur particulièrement antipathique et sans doute misogyne. Même pas capable d’être désagréable avec la classe des serveurs parisiens.
  • Le pire : le TER SNCF – Région Centre Loire

0 commentaire

Laisser un commentaire