Comme je l’écrivais il y a peu, Nicole Reine Lepaute mérite un petit hommage à l’occasion des 230 ans de sa disparition. Alors qu’elle ne fait pas partie de la liste des commémorations officielles, j’apporte ma modeste contribution à la perpétuation de son souvenir.

Nicole Reine Lepaute – source Wikipedia

Tout d’abord, pourquoi cette photo d’hortensias en illustration de l’article ? À cause du naturaliste Philibert Commerson qui, en découvrant la plante qu’on appelle aujourd’hui Hydrangea macrophylla lui attribue le nom de Peautia coelestina en hommage à Nicole Reine, son amie astronome (Peautia renvoie à Lepaute et coelestina à l’astronomie). Mais il change aussitôt le nom en Hortensia, ayant réalisé qu’il avait déjà nommé une fleur de Madagascar Peautia en hommage à la famille Lepaute … La preuve sur la feuille de son herbier conservé au MNHN, sur laquelle figurent ses annotations manuscrites. Alors pourquoi Hortense ? Mystère.

Herbier de Commerson – © MNHN

Nicole Reine est née à Paris en 1723 dans le petit palais du Luxembourg où ses parents servaient la Reine d’Espagne, Élisabeth d’Orléans. Elle aura l’occasion d’y côtoyer dans sa jeunesse l’horloger Jean-André Lepaute (qu’elle épousera !), venu installer des horloges, ainsi que le célèbre astronome Jérôme Lalande qui s’était fait installer un observatoire dans le palais.

Comme elle avait montré des dispositions dans ses études scientifiques, Lalande l’a embauchée pour l’aider dans la réalisation de calculs astronomiques complexes, tout particulièrement les éphémérides astronomiques et tout un tas de tables de connaissance du temps.

Elle a notamment participé, en compagnie du mathématicien Alexis Clairaut au calcul de la date de retour de la comète que l’astronome anglais Halley avait prévu pour la fin de l’année 1758 : problème dit des 3 corps, loin d’être anodin, car il faut tenir compte des perturbations engendrées par Jupiter et Saturne lors de la course de la comète autour du soleil (et encore, ils ne connaissaient pas encore Neptune et Pluton).

Les résultats sont probants, ce qui permet à Clairaut de publier son traité de la Théorie des comètes dans lequel il omet de citer le concours apporté par Nicole Reine. Il paraît qu’il ne voulait pas offusquer sa petite amie du moment en lançant des fleurs à une autre femme. Toujours aussi lâches, les hommes !  Cela créera un froid entre Lalande et Clairaut. À noter que Clairaut a été également un ami intime d’Émilie du Châtelet que j’ai déjà évoquée dans ce blog mais ce n’est pas elle la petite amie …

Nicole Reine Lepaute s’est aussi illustrée en dressant une carte de visibilité de l’éclipse de soleil de 1764, prévoyant qu’elle serait totale et annulaire à Paris.

visibilité de l’éclipse totale de 1764 par Nicole Reine Lepaute – source Wikipedia

Il est dit également qu’elle a effectué  les calculs nécessaires au transit de Vénus de 1761, mais rien n’est moins sûr selon l’auteur de l’article cité plus bas. Le passage de la planète Vénus devant le soleil est un événement astronomique suffisamment rare pour inciter tous les astronomes à faire des observations, en différents points de notre Terre, à partir desquelles ils vont pouvoir déterminer la distance de la Terre au soleil.

Elle n’a pas eu d’enfant mais elle avait le sens de la famille, surtout de la belle-famille. Elle a accueilli et formé un jeune neveu, Joseph Lepaute Dagelet, qui est devenu un éminent astronome. Il a embarqué comme scientifique à bord de La Boussole qui a effectué l’expédition commandée par La Pérouse. Avec les autres membres de l’expédition, il a disparu en mai 1788 lors du naufrage des deux navires La Boussole et L’Astrolabe sur le récif de Vanikoro.

Nicole Reine Lepaute est, elle, morte en décembre 1788, quelques mois avant son mari Jean-André qui, très malade, avait abandonné l’horlogerie 15 ans auparavant.

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