À part relater quelques expériences gastronomiques ou bistronomiques lors de nos périples, je n’ai pas souvent parlé ici de cuisine, encore moins donné des recettes. Bien que ce soit la mode d’en partager sur les blogs, vidéos à l’appui, je n’ai pas l’intention d’y succomber, rassurez-vous, mais j’ai eu envie d’évoquer un plat un peu emblématique pour moi, le far breton, simple, bon, pas cher, et porteur de souvenirs.
Depuis que j’en fais, j’applique la recette que m’a transmise ma mère il y a quelques décennies. J’aurais aimé vous montrer un vieux carnet à spirale rempli de sa belle écriture avec toutes les lichouseries qu’elle y aurait inscrites, mais je n’ai en réalité que quelques lignes sur un coin de feuille résumant les ingrédients.
Alors voici la recette de mon far breton. Je devrais dire de “mes” fars, car les quantités de base peuvent s’appliquer aux deux catégories principales de far : le far de froment (avec une farine de blé classique) et le far de blé noir (avec une farine de sarrasin).
Ingrédients fixes
Pour un far destiné à satisfaire trois personnes (entre parenthèses, ce que je prends pour deux personnes) :
- 3 œufs (2 œufs)
- 125 grammes de farine (80 grammes)
- 125 grammes de sucre (80 grammes). En ce qui concerne le sucre, j’ai l’habitude de diviser par deux les quantités prévues par les recettes. On peut donc prendre 60 grammes (40 grammes), la saveur n’en est que meilleure.
- du beurre (demi-sel bien sûr) : un “bon peu” comme disait ma mère, ce qui représente juste ce qu’il faut, à la limite de la culpabilité (au moins 25 à 30 grammes).
- Une pincée de sel si le beurre est doux et, pour parfumer comme bon vous semble, quelques gouttes de vanille, de la fleur d’oranger, un peu de rhum, etc. Faut pas mégoter si vous aimez.
Ingrédient variable, le lait
- pour un far de froment avec une farine blanche classique : 50 centilitres (33 centilitres)
- pour un far de blé noir avec une farine de sarrasin : 1 litre (66 centilitres)
Modalités d’action
- Pour le far de froment : on garde un peu du beurre, fondu, pour beurrer un plat qui va au four. Le reste, on le mélange avec la farine, les œufs, le sucre, le sel et les annexes aromatiques. On place le mélange dans le plat et on parsème de raisins secs et tout cela va dans un four bien préchauffé à 190°C pendant 35 à 40 minutes, il faut que le dessus ait une belle couleur dorée.
- Pour le far de blé noir : c’est un peu plus compliqué car il faut cuire la pâte avant de la passer au four. En effet, si on omet de le faire, la pâte va se séparer en deux couches, farine et lait, et le résultat sera désastreux. Donc, on mélange la farine avec le sucre, le lait, une pincée de sel et on met à cuire dans une casserole. Quand c’est chaud, on ajoute les œufs, puis le beurre et on mélange vigoureusement jusqu’à ce que la pâte épaississe et commence à donner des bulles. On arrête lorsque la pâte conserve les traces du fouet ou de la cuillère. On verse le tout dans le plat et on y plante quelques pruneaux, la quantité dépend de ce qui vous reste au frigo, de votre courage à les dénoyauter et de votre amour plus ou moins immodéré pour cette appellation du Lot-et-Garonne.
- C’est là que la cuisson préalable prend tout son sens : en effet, il faut tracer, à la surface de la pâte étalée dans le plat, des motifs avec les dents d’une fourchette. On peut faire dans le simple avec quatre ou cinq traits dans chaque sens, on peut aussi faire dans le symbolique avec une représentation du Gwen-ha-Du, le drapeau breton composé de neufs bandes et onze hermines. Ne sous-estimez pas l’importance de ce tracé, un far de blé noir sans traits de fourchette ne peut prétendre à sa bretonitude. Peu importe le motif, il doit rester gravé dans la pâte jusqu’à la fin de la cuisson.
- 40 à 45 minutes à 190°C et on obtient un magnifique dessert qui vous chante le Bro Goz ma Zadou en sortant du four.
On peut le manger plus ou moins chaud avec une petite cuillère, moi je le préfère froid, grignoté à la main. Le far, blanc ou noir, se conserve correctement au frigo. Au petit déjeuner du lendemain matin, ça donne des forces pour toute la journée.
Variations saisonnières
On peut faire des variations saisonnières avec le far de froment, sa texture assez légère autorise des garnitures inspirées par le marché du jour. Si les raisins secs peuvent réjouir notre palais tout au long de l’année, à l’automne on essaiera avec bonheur le far aux pommes. Il suffit de garnir le plat avec une couche de pommes coupées en petits cubes, le résultat est crémeux à souhait.
Pendant l’été, on remplacera les pommes par des prunes et/ou des pêches et/ou des abricots, etc. Le résultat est toujours savoureux, on a l’impression de changer de dessert à chaque fois.
Pour le far de blé noir, je n’ai pas trouvé de variations saisonnières mais il suffit d’un peu d’imagination.
Alors, bon appétit !
1 commentaire
Iza · 1 mai 2021 à 12 h 27 min
J’adore!!! , je n’ai pas la culture pour reconnaitre le Bro gozh ma zadoù mais je vous assure que ça chante en sortant du four