Pour qui s’intéresse aux cartes et à l’histoire de la cartographie, le fonds de la BnF semble inépuisable. Après l’atlas catalan et l’atlas Miller, je vous présente aujourd’hui l’atlas de portulans attribué au cartographe génois Battista Agnese qui travailla essentiellement pour la République de Venise au 16e siècle.
Les portulans se distinguent par des conventions cartographiques typiques : l’accent est mis sur le tracé des côtes et le positionnement des ports dont les toponymes sont disposés à la perpendiculaire du littoral pour une lecture facilitée. Les mers sont sillonnées de lignes géométriques, les lignes de rhumbs, indiquant la direction des points cardinaux et permettant aux marins, à l’aide du compas de mer, de s’orienter et de fixer un cap.
Certaines cartes de cet atlas présentent la particularité d’avoir une échelle des latitudes. Sur la carte ci-dessous, celle-ci est bien visible au centre de la carte. Il y a aussi une graduation horizontale sur l’équateur, prémices d’une future échelle des longitudes. Alors que la latitude (nord sud) est déterminée depuis longtemps grâce à la mesure de la hauteur du soleil et des étoiles, la connaissance de la longitude (est ouest) est demeurée longtemps une grande difficulté et a compliqué le développement de la navigation hauturière. Tonton Cristobal, qui se croyait en Inde alors qu’il n’était qu’aux Antilles, en a fait les frais en 1492.
L’atlas de Battista Agnese possédé par la BnF est composé de 9 cartes détaillées de diverses parties du monde connu, d’une mappemonde et de plusieurs pages de décorations ou informations diverses, à destination du futur propriétaire de l’ouvrage.
Battista Agnese aimait à incorporer dans ses cartes des découvertes géographiques récentes. Ainsi, il inclut dans sa carte du monde ci-dessous les routes du voyage de Ferdinand Magellan, et la route vers le Pérou via l’Isthme de Panama, où une importante quantité d’or a été trouvé par les Espagnols.
Place au document complet avec le lecteur de Gallica. Vous pouvez le parcourir ci-dessous en utilisant les flèches sur le côté. En cliquant sur l’image elle-même, vous ouvrez le lecteur dans un nouvel onglet.
Il existe plusieurs exemplaires de ces atlas de Battista Agnese, numérisés dans diverses bibliothèques. Ils contiennent à quelques variantes près les mêmes cartes dans des versions sans doute différentes, cependant, ils se distinguent les uns des autres par les décorations, comme cette carte de l’Europe occidentale joliment encadrée, de la John Carter Brown Library.
La Biblioteca Digital Hispanica met également en ligne une version, sans doute celle qui avait été offerte à Charles Quint. Pour la consulter, cliquez sur l’image ci-dessous.
La numérisation page par page diminue l’intérêt de lecture des cartes, à la différence de Gallica qui propose des doubles pages pour chacune d’entre elles. Par contre, l’exemplaire de la BDH propose deux mappemondes en projection azimutale polaire à la fin du document. On reviendra sur ce système de projection dans un prochain article.
J’ai fait un petit montage rapide des deux pages de la projection azimutale nord.
Alors, bien plus beau et fort que Gogol Maps, non ?
1 commentaire
Adam · 7 mai 2023 à 17 h 01 min
C’est un texte très intéressant. Bien à vous.