Mercredi 6 novembre 2013

C’est heureusement règlé comme du papier à musique : au petit matin, le ciel est d’une grande pureté et le soleil brille, amenant de la chaleur après la fraîcheur du soir et de la nuit. Ce matin, nous partons tôt après un petit déjeuner vite expédié mais copieux. Nous refaisons le même parcours qu’hier matin, mais cette fois-ci, nous embarquons un auto-stoppeur qui prend le soleil à la sortie du village. Il va aussi au col des Bœufs et on connaîtra tout de sa vie dans la demi-heure de montée. Nous arrivons à 7h30 là-haut et les formalités de parking sont vite accomplies. Nous nous équipons et prenons la route.

Notre trajet dans le cirque de Mafate

Notre trajet dans le cirque de Mafate

 Après le col, la descente s’engage dans un paysage stupéfiant, au pied du Grand Morne et du Piton des Neiges, dans une végétation assez basse au départ qui dégage bien la vue, puis qui cède la place à une forêt de tamarins.

La descente vers Marla

La descente vers Marla , la tache claire tout au fond à droite au pied du rempart

La descente est assez dure car le sentier est constitué de marches abruptes lorsque la déclivité devient importante, on ne peut pas régler son pas comme on le souhaite.

Un sentier parfois chaotique

Un sentier parfois chaotique

Nous traversons la Plaine des Tamarins, zone assez plate comme son nom l’indique. Nous faisons une halte photo-croquis pour profiter de la beauté et du calme de cette forêt. Les arbres semblent torturés, comme bousculés par des ouragans incessants.

Des couleurs incroyables

Des couleurs incroyables

Une forêt accueillante

Une forêt accueillante

Mais des arbres torturés

Mais des arbres torturés

comme dévastés par les cyclones

comme dévastés par les cyclones

Un grand calme

Un grand calme

Et l'inspiration

Et l’inspiration

Puis c’est la plongée vers la rivière des Galets qu’il faut franchir avant d’atteindre Marla. De longues volées de marches rendent l’avancée assez pénible (330 mètres de dénivelé). Enfin, tout en bas, la rivière que nous franchissons sur une passerelle toute neuve, près d’une stèle dédiée à Joseph Ethève.

La passerelle sur la rivière des Galets

La passerelle sur la rivière des Galets

A partir de là, je souffre, malgré une halte au bord de la rivière : je suis très fatigué, j’ai l’impression que mes muscles ne répondent pas et j’ai parfois des vertiges. Il nous faut faire plusieurs arrêts assez longs mais, vaille que vaille, nous avançons : après la maison Laclos qui est un gîte situé à l’écart de Marla, la première construction rencontrée est la chapelle. Les derniers mètres à gravir sont les plus durs, pourtant il n’y a que 200 mètres de dénivelé depuis la passerelle …

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La Chapelle de La Nouvelle et, tout au fond, l’échancrure du col des Boeufs, d’où nous venons

Encore quelques centaines de mètres et nous découvrons Marla-centre et ce que sont les gîtes de randonnée ici : des cases éparpillées sur un terrain autour d’une case centrale, au milieu d’un aimable fatras, le tout très dispersé, car ce n’est pas l’espace qui manque.

Nous arrivons au gîte des 3 Roches vers 13 heures. Notre chambre individuelle « sans sanitaires privatifs » est située dans un petit bâtiment carré divisé en quatre petits carrés :  deux carrés en diagonales sont les chambres, un troisième carré abrite les sanitaires communs, le quatrième est la terrasse qui distribue les deux chambres. Bien, fonctionnel même si ce n’est pas du luxe.

Le gîtes des 3 Roches à Marla : au centre avec le toit rouge, la case restaurant

Le gîtes des 3 Roches à Marla : au centre avec le toit rouge, la case restaurant

Nous pouvons investir les lieux après une petite attente et nous nous reposons car les corps ont un peu souffert. Ma fréquence cardiaque ne redescend pas rapidement, et je suis inquiet pour la suite du programme.
Les nuages ont envahi le cirque et, en fin d’après-midi, nous baignons dans un épais brouillard. La nuit tombe, et c’est l’heure du repas pris en commun dans la case restaurant. Nous faisons la connaissance de nos voisins de case ainsi que d’un autre randonneur qui vient d’enchaîner des randonnées cumulant 1400 mètres de dénivelée, dont l’ascension du Piton des Neiges.
A la fin du repas, c’est un ciel étoilé qui nous accompagne jusqu’à la chambre. Coucouche panier sans tarder.

Jeudi 7 novembre 2013

Le lendemain, nous devons rejoindre La Nouvelle, je me sens à peu près reposé et en état de marcher sans difficulté. Petit déjeuner à nouveau dans la case resto avec nos voisins de case et départ immédiat vers La Nouvelle. Le ciel est comme d’habitude éclatant de lumière, sans un seul nuage et le spectacle est grandiose. Quelques photos souvenirs avec les « remparts » et les montagnes en fond.

Encore un banc ...

Encore un banc …

En route ...

En route …

Nous redescendons vers la rivière des Galets mais, juste avant la maison Laclos, nous prenons le sentier sur la gauche qui nous mène à un gué sur la rivière, sentier qui présente l’intérêt d’être plus court et moins accidenté que celui qui passe par la passerelle empruntée hier.

Une végétation luxuriante

Une végétation luxuriante

Alors que nous arrivons au gué, Iza pousse un cri : « mon iPad ! je l’ai oublié sous l’oreiller dans la chambre ! »
Gros coup de déprime, le grain de sable qui vient enrayer une mécanique qui démarrait bien. Bon ! Avec quelques coups de téléphone, l’affaire s’arrange assez bien : au gîte des 3 Roches, ils ont bien trouvé la tablette à la pomme. Et finalement, comme nous sommes encore dans le coin demain, nous viendrons la chercher en faisant un aller-retour La Nouvelle – Marla dans la journée.

(Bon à savoir : le téléphone passe très bien à peu près partout dans le cirque, à partir des antennes situées au Maïdo).

La rando se poursuit dans un décor très sympathique et changeant. Pas trop de dénivelés avec des marches, un sentier qui suit à peu près les courbes de niveau, souvent à l’ombre. Bref ! Nous arrivons à La Nouvelle vers 11 heures. C’est un village beaucoup plus grand que Marla, où les cases sont beaucoup plus serrées, parce que l’îlet est situé sur un plateau dont l’espace est mesuré. Nous trouvons notre gîte (Yvon Gravina) et bien qu’il soit trop tôt, la gérante nous installe dans notre chambre. Même architecture en carrés qu’à Marla ! Nos voisins de case arrivent bientôt, des jeunes moins sympathiques et plus bruyants que nos voisins d’hier.

Le gîte Yvon Gravina à La Nouvelle

Le gîte Yvon Gravina à La Nouvelle

Question santé, je me sens très bien, plus de tachycardie, j’ai beaucoup mieux géré mes efforts, mais nos muscles sont douloureux, mollets et cuisses.
Repos bien mérité pendant quelques heures puis nous allons à la découverte du village et aussi du restaurant où nous avons réservé pour les repas du soir et les petits déjeuners. Pour ce soir, pas de place au resto, mais repas à emporter, à 18:30 !
Nous flânons encore un peu dans les « rues », ce sont des sentiers engazonnés. Il n’y a bien sûr aucun véhicule automobile, mais nous avons eu droit à un survol d’hélicoptère venant apporter un chargement au bout de son filin. A peine deux minutes de vol stationnaire, puis redémarrage vers le col des Bœufs pour une nouvelle mission.
Le calme revient assez vite, car comme d’habitude, le brouillard épais est tombé empêchant tout vol.

Balade dans les "rues" de La Nouvelle

Balade dans les « rues » de La Nouvelle

Sur la place de l'îlet, à droite l'école primaire

Sur la place de l’îlet, à droite l’école primaire

Nous prenons une boisson fraîche « chez Dédé » dans la « crasse » (le brouillard est de plus en plus épais) puis rentrons au gîte vers 16h00, en croisant les petits écoliers qui retournent chez eux.

Le plafond est bas cet après-midi

Le plafond est bas cet après-midi

Repos, lecture jusqu’à l’heure du dîner, nous allons chercher notre pitance de la soirée (riz, graines, rougail saucisses, piments), accompagnée d’une dodo, d’un coca et d’une cilaos gazeuse.
Pendant la nuit, concert d’aboiements ininterrompu ! Pas étonnant qu’ils passent leur journée à dormir, les chiens de Mafate !

Vendredi 8 novembre 2013

Lever très tôt, comme d’habitude, nous déjeunons avec nos réserves (un cake breton !) et prenons la route avec un sac à dos cette fois-ci bien allégé, ce qui soulage les épaules.
Il est 6h30, le temps est beau et la température très agréable. Nous refaisons en sens inverse le chemin d’hier, mais il est tellement beau que ce n’est pas une corvée, loin de là. Des ballets d’hélicoptère dans le ciel du cirque nous intriguent, mais c’est le vol d’un avion de belle taille (pas un petit avion de tourisme) à basse altitude qui nous stupéfie, car on a l’impression qu’il va s’écraser contre les remparts.

Un DASH8 qui surveille un départ de feu

Un DASH8 qui surveille un départ de feu

Un guide accompagnant un groupe de randonneurs que nous croisons nous explique qu’il y a eu un départ de feu, sans doute volontaire, et que tous les moyens sont mobilisés en ces temps de sécheresse. Cet avion est en fait un avion de transport pouvant être transformé en bombardier d’eau (ce sont des DASH 8). L’île en posséderait deux. L’hélicoptère de la gendarmerie continuera à tourner au-dessus de Marla et des environs pendant encore quelques heures.

Un départ de feu vers Marla

Un départ de feu vers Marla

Nous sommes de retour à Marla vers 9:30, sans difficultés. La gérante du gîte nous avait dit que l’iPad serait disponible à l’épicerie du village, mais celle-ci est fermée. Nous allons donc au gîte des 3 Roches où nous retrouvons notre tablette …
Nous faisons une halte au Snack de Marla situé à l’entrée de l’îlet, avant de repartir vers La Nouvelle.
Après un voyage sans histoire sur le même sentier (toujours aussi magique) et une petite halte rafraîchissante au gué sur la rivière, nous atteignons notre gîte vers 12h30 : nous avons mis 6 heures pour faire l’aller-retour, et nous ne sommes pas trop fatigués.

Passage du gué sur la rivière des Galets

Passage du gué sur la rivière des Galets

Les nuages envahissent à nouveau le cirque, mais ils sont moins présents qu’hier et le soleil fait même quelques timides apparitions.

Les nuages ne gagneront pas aujourd'hui

Les nuages ne gagneront pas aujourd’hui

Nous avons de nouveaux voisins, des vieux un peu plus âgés que nous, qui ont l’air mécontents de ne pas avoir plus de confort. Ils sont assez bruyants, parlent fort.
Après un peu de repos, nous faisons dans la soirée le tour de l’îlet sur le sentier qui porte ce nom. Un belvédère a été aménagé au bout de l’îlet, face au piton Bronchard et à Roches Plates, d’où la vue doit être grandiose … par temps clair. Mais bon ! ce n’est déjà pas si mal.

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Le belvédère aménagé à La Nouvelle

On fait face à la partie nord du cirque de Mafate.

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Si le ciel était moins bouché, on pourrait se repérer sur le panoramique installé au bout du belvédère.

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Nous regagnons le centre du village pour une pause rafraîchissement : les 3 ou 4 bistros ne sont jamais ouverts en même temps, sans doute pour se répartir les clients et éviter la concurrence …

Ce soir, nous prenons notre dîner sur place au restaurant. Riz, graines, carri poulet, piment, planteur ! Original !

Samedi 9 novembre 2013

Nos voisins partent tôt, nous allons prendre notre petit déjeuner au resto là-haut. Le jeune homme qui fait le service (il servait déjà le repas hier soir) est toujours aussi souriant et serviable.
Nous passons au gîte charger les deux mules, puis en avant pour la remontée au col des Bœufs et ses 505 mètres de dénivelé positif (positif ! ça veut dire que ça monte). Après quelques minutes de marche, nous croisons un couple de randonneurs qui redescend et nous demande si on est bien sur la bonne route. Stupeur, vérification avec Iphigénie, effectivement nous nous sommes tous trompés ! Demi-tour et nous trouvons le bon embranchement. La montée commence, et nous nous offrons même le luxe de faire un détour par le plateau Chêne d’où la vue sur La Nouvelle est splendide. Mais une telle beauté doit se mériter car la montée est très très abrupte. Il y a deux jours j’aurais été incapable de gravir cette pente.

Vue sur La Nouvelle depuis le plateau Chêne

Vue sur La Nouvelle depuis le plateau Chêne

Puis nous regagnons le GR, traversons la plaine des Tamarins, rejoignons le sentier vers Marla que nous avions emprunté il y a 3 jours (on en profite pour le rendre).

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On ne le dirait pas, mais le sentier est bien fréquenté en ce samedi matin

Le Grand Bénare au fond

Le Grand Bénare au fond

On voit que c’est un début de grand week-end car le sentier prend des allures d’autoroute avec un trafic très intense de randonneurs descendant dans le cirque. Tellement intense que cela en devient parfois gênant, car certains d’entre eux nous cassent le rythme que nous essayons de maintenir dans la montée finale. Raide, très raide, mais ce sont les derniers pas!

Nous avons retrouvé notre couple de randonneurs du petit matin, eux n’étaient pas passés par le plateau Chêne. En redescendant vers le parking, je me rends compte que ce sont nos voisins de case d’hier soir, ce qui étonne iZa. Habilement interrogés par ses soins, ils nous disent qu’effectivement ils étaient dans le même gîte !
Nous retrouvons la voiture, le parking est bondé, nous avons bien fait de faire cette virée dans Mafate pendant la semaine, car ce week-end, ce sera sans doute beaucoup moins sympathique en bas !

Cela fait tout drôle de reprendre la voiture, nous avons vraiment l’impression de venir d’un autre monde. Nous faisons halte à Grand-Îlet pour récupérer nos bagages qui étaient restés en villégiature à la Tourte Dorée. Et nous redescendons vers la côte, et la chaleur.

Au total, depuis mercredi matin, nous avons randonné sur 25 à 30 kilomètres, ce qui ne représente pas grand-chose en distance, mais nous avons gravi (et descendu) 1640 mètres de dénivelé.

Souvenirs, souvenirs, nous déjeunons à Saint-André, au restaurant Le Cantonnais où nous avions fait notre premier repas l’année dernière, après avoir un peu tourné pour le trouver. Toujours aussi sympa, bonne cuisine, punch des îles savoureux.

Notre prochain objectif est d’atteindre la résidence Archipel à Saint-Gilles où nous avons loué un appartement jusqu’à la fin de notre séjour. Saint-Denis, la RN1 littorale, le Port, Saint-Paul, on arrive à la résidence vers 14h30. C’est un grand truc situé sur les hauteurs de la ville, dans un environnement urbanisé, mais dans un cadre à peu près correct. On sent la résidence pour Tour Operators, mais l’appartement est assez vaste avec une grande chambre à l’étage.

Dans l’après-midi, installation, courses au SuperU en face, piscine. Heureusement, il y a aussi du wifi …….. Ouf ! La civilisation !

(à suivre)