Lors de notre précédent passage à l’abbaye royale de Fontevraud, nous nous étions promis de revenir pour visiter le musée d’Art moderne qui venait d’y être inauguré. C’est chose faite, en marge de notre rando à vélo entre Tours et Niort dont cette visite était un des temps forts. À dire vrai, c’est surtout l’exposition intitulée Rembrandt en eau-forte, qui s’y déroule jusqu’au 24 septembre, qui a rendu ce détour indispensable.

Fontevraud – Musée d’art moderne – exposition Rembrandt en eau-forte

Autant graveur que peintre, Rembrandt a réalisé quelque trois cents estampes entre 1628 et 1665. Développant les possibilités infinies de l’eau forte à Leyde dès 1625, il connaît rapidement un grand succès grâce à cette technique dont il assure probablement lui-même la diffusion et qui contribue à le rendre célèbre dans toute l’Europe.

Ce mode d’expression essentiel lui permet de réaliser des compositions originales et d’une grande variété d’effets en fonction des “états”, où se conjuguent spontanéité et sens de la construction.
Afin de donner un regard actuel à cette œuvre et de mettre l’accent sur les effets de matérialité de l’eau-forte dans la production de l’artiste, cette exposition présente un Rembrandt graveur qui échappe à la présentation traditionnelle par thèmes (autoportraits et portraits, sujets bibliques, mythologiques, scènes de genre, les gueux, nus, etc.). Les sections du parcours nous révèlent davantage les moyens esthétiques (clair-obscur, accumulations, trouée, etc.) et techniques (traits, hachures, etc.) que l’artiste met en place pour restituer le monde en noir et blanc et utiliser la gravure, parallèlement à la peinture et au dessin, comme un outil d’expérimentation.

Dossier de presse de l’exposition

La visite est passionnante tant le talent de Rembrandt est immense et on ne peut être qu’admiratif devant la créativité dont il a fait preuve dans ce mode d’expression artistique. Étonnant également de découvrir en “vrai” la taille réelle de certaines estampes que les reproductions ne permettent pas d’apprécier. Quelle précision, quelle minutie dans le trait !

Le parcours est organisé en suivant les procédés techniques de l’artiste et non pas selon les thèmes abordés. J’ai trouvé cela un peu artificiel, trop restrictif et présentant le risque de gommer certaines autres aspects de son travail et de sa création. Mais ce n’est pas suffisant pour bouder son plaisir de contempler autant de chefs-d’œuvre …

À noter que la dernière estampe ci-dessus est une gravure sans doute abandonnée par Rembrandt et reprise au 18e siècle par Georg Friedrich Schmidt (estampe précédente).

Un peu partout dans le parcours, des tirages numériques sur cuivre du photographe allemand contemporain Elger Esser sont exposées en parallèle des eaux-fortes de Rembrandt pour montrer la capacité de ces dernières “à entrer en résonance avec les expressions artistiques contemporaines”.

Bon ! Je ne vois pas bien le rapport entre le nouveau romantisme allemand que développe Esser dans son travail photographique et les estampes de Rembrandt, sauf s’il s’agit, ce que je crains, de mettre en parallèle le cuivre sur lequel Esser imprime numériquement ses photos et celui sur lequel Rembrandt grave ses eaux-fortes.

Rembrandt mérite mieux que ces comparaisons à la noix, Esser aussi sûrement. Mais ceci est très anecdotique, l’exposition est une vraie merveille.

Pour en savoir plus, voir le dossier de presse de l’exposition.


Nous avons bien évidemment profité de cette exposition pour visiter le reste du musée qui abrite essentiellement l’importante collection d’art moderne du couple Martine et Léon Cligman : Henri de Toulouse-Lautrec, Edgar Degas, Maurice de Vlaminck, Albert Marquet, Kees van Dongen, Robert Delaunay, Juan Gris, André Derain, Germaine Richier, etc. Autant de noms qui ont marqué l’histoire de l’art moderne.

À noter le dernier tableau ci-dessus, un étonnant autoportrait “de dos” d’Henri Toulouse-Lautrec qu’il faut examiner de près lorsqu’on connaît son titre : Oh, que ce pet pue !


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