En ce début de printemps, nous faisons à nouveau un séjour dans la région de Niort que nous apprenons à connaître depuis quelques années. À chaque fois, c’est l’occasion de nouvelles découvertes car la région est riche en patrimoine naturel et culturel, pour peu qu’on se donne la peine d’être un peu curieux.

Balade souchéenne

À Niort, nous séjournons près du quartier de Souché, village rattaché à la commune de Niort en 1964. Plein de charme, il recèle des habitats anciens bâtis le long du Lambon, affluent de la Sèvre niortaise. Récemment, une association a remis en état le sympathique chemin des brouettes qui serpente sur quelques centaines de mètres au milieu des potagers.

Pour le week-end, direction la côte – qui n’est pas bien loin – avec une halte à Saujon, ville de thermes. Sur la route en provenance de Saintes, un panneau d’information nous invite à aller voir l’abbaye de Sablonceaux dont je n’avais jamais entendu parler. Nos territoires regorgent de ces édifices religieux qui se partagent souvent une histoire plus ou moins identique : fondation au Moyen Âge par un roi ou un évêque, période faste de développement culturel et économique, parfois la chute en raison de la corruption et des turpitudes des communautés, reprise en main jusqu’à la Révolution qui signe la fin de l’abbaye et parfois la destruction de certains bâtiments. Mais ici, pas besoin de Révolution, les guerres de religion entre bons chrétiens ont suffi pour tout anéantir dès le 17e siècle. Reconstruite au 18e, vendue et transformée en carrière de pierres au début du 19e siècle, il n’en reste pas grand-chose mais elle est classée aux monuments historiques en 1905. Il faudra attendre Malraux pour que les travaux de restauration soient enfin engagés dans les années 60. Aujourd’hui, l’abbaye est confiée à une communauté religieuse pour en faire un centre spirituel, un centre d’accueil pour des retraites et un centre artistique.

Abbaye de Sablonceaux

Le site de l’abbaye est situé au milieu d’un environnement champêtre, on peut visiter l’église abbatiale et la salle capitulaire mais le reste des bâtiments est occupé par la communauté et n’est donc pas accessible au public. L’église (avec le cimetière qui la jouxte) présente la particularité de servir d’église paroissiale pour Sablonceaux, la précédente église du village ayant été, elle aussi, détruite pendant les guerres de religion et jamais reconstruite. À noter un superbe noyer d’Amérique dans la cour du logis abbatial.

Changement d’époque et de style architectural pour la balade à Royan. Détruite par des bombardements alliés lors des combats de la Libération entre septembre 1944 et avril 1945, cette ville martyre est déclarée par la suite laboratoire de recherche sur l’urbanisme et possède depuis un patrimoine architectural représentatif des années 1950 avec son architecture moderniste, ce qui lui vaut d’être classée ville d’art et d’histoire en 2010.

Royan – Plage de la Grande-Conche, front de mer, église Notre-Dame

Même si on n’est pas obligé d’adhérer, ce style architectural fait partie de notre patrimoine et une petite promenade dans les rues de cette cité balnéaire permet de découvrir quelques monuments emblématiques de la Reconstruction, ce n’est pas un (presque) natif de Brest qui dira le contraire. La belle plage de la Grande-Conche et le front de mer animé apportent heureusement un peu de gaité au milieu du béton.

On admire la prouesse technique de la construction du marché central : ce bâtiment en forme de coque ronde reprend la forme d’un coquillage prenant appui sur 13 points sans qu’aucun pilier intérieur ne vienne entraver la perspective, ce qui fut considéré comme une prouesse architecturale à l’époque. Le voile en béton ne fait que 8 centimètres d’épaisseur.

Autre bâtiment à visiter : l’église Notre-Dame de Royan est une église catholique construite en trois ans et considérée comme un chef-d’œuvre de l’architecture moderne : la structure du bâtiment est composée d’une alternance d’éléments en béton armé précontraints en V alternant avec d’immenses verrières couvrant 500 m2. La toiture, en « selle de cheval » a, elle aussi, une épaisseur de seulement 8 centimètres.

Retour à Niort en passant par Rochefort et son arsenal maritime, mais l’Hermione n’y est plus. Cette réplique de la frégate de 1779 (celle qui a, entre autres, conduit La Fayette en Amérique avant de couler bêtement 15 ans plus tard) doit faire l’objet de grosses réparations après la découverte de champignons dévorant la coque. C’est ballot, mais la réparation ne peut pas se faire à Rochefort, direction donc Bayonne pour de longs mois de travaux. À la place, une maquette occupe la forme de radoub.

Nous faisons une dernière étape à Surgères, petite ville du Pays d’Aunis, carrefour géographique et de voies de communication, que nous ne connaissions jusqu’alors qu’au travers de sa gare SNCF où le TGV pour La Rochelle marque parfois l’arrêt. Loin de cette zone industrielle consternante de laideur, Surgères est également un centre historique avec son enceinte médiévale préservée, sa célèbre église romane et sa remarquable porte Renaissance. Le cœur historique de la ville, rénové et piétonnier, mérite une petite flânerie, dommage que le soleil se soit caché depuis Rochefort et que la fraîcheur nous soit tombée dessus.


Voila pour ce petit périple, nous avons encore bien des lieux à découvrir dans la région dans les mois et les années qui viennent. En attendant, la miss vous salue bien.


0 commentaire

Laisser un commentaire