La bibliothèque Forney de la Ville de Paris propose de (re)découvrir Jeanne Malivel (1895-1926), une artiste audacieuse et engagée au travers d’une exposition qui réunit plus de 250 de ses œuvres.

Pionnière de l’art moderne breton, cette artiste a créé en l’espace de dix années seulement une œuvre impressionnante : peinture, gravure, mobilier, céramique, vitrail, textile…  Son engagement en faveur du renouveau des arts décoratifs est mal connu, alors qu’elle est à l’origine de la création du groupe Ar Seiz Breur (les Sept Frères), qui représente la naissance du mouvement Art Déco en Bretagne. 

Bibliothèque Forney – Exposition Jeanne Malivel – Affiche (même pas disponible à la vente)

Née à Loudéac, au centre de la Bretagne, elle révèle très vite un talent pour le dessin et la peinture. Sa famille l’encourage dans cette voie artistique et elle est admise à l’école des Beaux-Arts de Paris. Ce qui ne la branche pas trop ! Revenue en Bretagne au début de la Première Guerre mondiale, elle s’engage comme infirmière et elle réalise des croquis des malades et blessés qu’elle côtoie au quotidien livrant ainsi un témoignage émouvant sur cette période.

Finalement, elle refuse de s’inféoder à une école ou à un courant artistique quelconque et choisit de construire seule son chemin au cœur de la Bretagne qui lui est si chère.

Elle puise son inspiration dans les paysages de sa région et dans l’imaginaire breton des légendes et de l’histoire. Elle fréquente également des cercles culturels et des mouvements proches du nationalisme breton de cette époque. Elle acquière, quasiment en autodidacte, la technique de la gravure sur bois et elle produit un grand nombre d’illustrations. Les plus célèbres sont celles de l’Histoire de notre Bretagne, publiée en 1922 et considérée à l’époque par certaines critiques comme un brûlot anti-français.

Sa production en matière de décoration inaugure également un renouveau dans l’art breton, qu’elle voudrait plus populaire et proche de la vie quotidienne et éloigné des dérives folkloriques, notamment dans le domaine du textile et du mobilier. Elle imagine relancer la production textile en centre Bretagne pour donner du travail aux femmes du pays. Elle conçoit un service de vaisselle pour la célèbre manufacture de faïence Henriot de Quimper, le service « octogonal ».

Elle est à l’origine du mouvement des Seiz Breur (les Sept Frères), avec pour premier objectif de présenter un pavillon de la Bretagne lors de l’exposition internationale des arts décoratifs de 1925. La salle de l’Osté deviendra ainsi un démonstrateur du savoir-faire de ce groupe d’artistes artisans : cet aménagement de mobilier domestique, accompagné de tentures à motifs, de broderies, des faïences fut salué par la presse à la fois comme une des rares occasions données à Jeanne Malivel de matérialiser ses conceptions mais aussi comme une présentation qui marquera une date dans l’évolution de l’art breton. Elle reçut la médaille d’or de l’exposition.

Au sein du groupe des Seiz Breurs, les tensions surviennent rapidement et Jeanne Malivel s’en éloigne presqu’aussitôt. Malheureusement, elle décède prématurément, de maladie, en 1926.

À sa mort, sa famille désespérée a conservé toutes ses productions, pour ne rien laisser échapper d’elle, retardant ainsi la connaissance de son œuvre auprès du public.

Cette exposition dure jusqu’au 1er juillet prochain. Ne la ratez pas car elle est très intéressante et elle vous permettra en parallèle de découvrir le superbe hôtel de Sens qui abrite la bibliothèque Forney.

Pour en savoir plus :

Jeanne Malivel a aussi réalisé des vitraux

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