Sève et pensée, l’exposition de la BnF consacrée à Giuseppe Penone, propose une déambulation dans l’œuvre de cet artiste et sculpteur italien autour des thèmes de l’écriture et de la trace, du temps et de la mémoire.

L’artiste, dont l’œuvre ouverte et poétique interroge sous de multiples formes les liens de l’homme et de la nature, a réalisé pour cette occasion Pensieri e linfa (Sève et pensée), une spectaculaire installation formée du frottage, sur fine toile de lin, du tronc d’un acacia de trente mètres de long autour duquel se déploie un texte manuscrit.

Sève et pensée – L’œuvre Sève et pensée (Pensieri e Linfa), déployée au centre de l’exposition, comprend un texte continu, sans ponctuation, que Giuseppe Penone a écrit en 2018. Il révèle une suite de réflexions de l’artiste sur son art, la sculpture, la peinture, le dessin, sa relation sensuelle au monde et à la nature, le temps, la mémoire, le cycle de la vie et de la mort.
Sève et pensée – L’œuvre Sève et pensée (Pensieri e Linfa), déployée au centre de l’exposition

Le parcours permet de découvrir plusieurs pièces inédites telles que les douze monumentaux Alberi libro (12 Arbres-livre sculptés à la façon d’un livre ouvert) ou la surprenante série des quatre grands tableaux aux doigts intitulée Leaves of grass inspirée de la couverture de la première édition du poème de Walt Whitman. Des œuvres historiques comme le Verde del Bosco de 1986 (photo en exergue), des sculptures (Pensieri di foglie, A Occhi chuisi) ou des œuvres graphiques (dessins, photographies, estampes et livres d’artistes) issues pour la plupart des collections de la BnF, éclairent sous un jour nouveau les liens intimes que l’artiste italien a tissés avec l’écriture et l’imaginaire du livre.

Sève et pensée – L’œuvre Sève et pensée (Pensieri e Linfa), déployée au centre de l’exposition ; au fond à droite, les Alberi libro (12 Arbres-livre sculptés à la façon d’un livre ouvert) ; à gauche, des œuvres graphiques, le Verde del Bosco de 1986,
Sève et pensée – Arbres-livre – Cette sculpture monumentale de douze Alberi libro (Arbres-livre) datant de 2017 est une variante de l’expérience fondatrice de l’Albero di 4 metri que le tout jeune Giuseppe Penone réalisa en 1969. L’artiste dégage dans le corps d’une poutre de bois, en suivant les anneaux de croissance, l’arbre qui se trouve en son cœur. Dans cette œuvre récente, la partie non dégagée de la poutre, qui atteste le geste du sculpteur, forme, à la façon d’un livre ouvert, un berceau pour l’arbrisseau écorcé. En donnant à voir la métamorphose de l’arbre en poutre, Penone révèle la mémoire de la matière qui échappe normalement à la perception.
Sève et pensée – Arbres-livre
Sève et pensée – Vert du bois – Dans les années 1980, Giuseppe Penone développe l’expérience du frottage dans une série de travaux intitulée Verde del bosco (Vert du bois). «On prend les feuilles, on frotte le tissu qui est posé sur une branche, et on a vraiment la sensation d’un bois, d’une forêt, c’est presque une image automatique, c’est magique». Rappel de la présence et du geste du sculpteur, l’artiste adjoint parfois au frottage un objet, chemise, branche d’arbre, ou laisse apparaître entre les empreintes des troncs, comme c’est le cas dans le Vert du bois exposé à la BnF, l’esquisse d’une silhouette.
Sève et pensée – Pensées de feuilles – 2016
Sève et pensée – Les yeux fermés – Ce triptyque réalisé en 2009 est composé d’une plaque de marbre blanc, dont les veines ont été dégagées par l’artiste, entourée de deux panneaux de toile portant l’empreinte démesurément agrandie de paupières fermées, relevée au moyen d’un adhésif. Ces empreintes sont fixées sur le tissu par de longues épines d’acacia qui semblent stigmatiser le visage. A occhi chiusi qui sollicite le toucher en même temps que le regard fait écho à la première œuvre de Penone consacrée au regard, Rovesciare i propri occhi (Renverser ses yeux), datant de 1970.
Sève et pensée – Points, empreintes, feuilles, mots – 2013 – 2014
Sève et pensée – Les feuilles de la peau – dessins originaux pour le livre 16 pagine – 2008 – pigments et rubans adhésifs sur papier
Sève et pensée – Feuilles d’herbes – 2013 – Inspirée de la couverture de la première édition de Leaves of Grass de Walt Whitman cette série de tableaux réalisés en 2013 est constituée d’empreintes digitales. Celles-ci seraient comme la «fossilisation» des traces laissées par l’auteur sur la couverture, la première fois qu’il prend en mains son livre imprimé. L’artiste imagine que sur ces empreintes se superposent aussi celles des lecteurs successifs, créant à la surface du livre un réseau nébuleux d’empreintes, mémoires tactiles du passage du temps. Quant à la poignée d’argile, elle «renferme la mémoire minérale, végétale et animale du lieu ou elle a été récoltée».

Exposition intéressante autour d’un artiste que je ne connaissais pas, bien qu’il soit « une figure majeure – ou incontournable – de l’art contemporain » comme la BnF le proclame dans son dossier de presse. J’ai été particulièrement impressionné par son travail sur les « arbres-livre » où, partant d’une poutre brute, il dégage petit à petit le bois pour faire apparaître l’arbre initial en son cœur. Étonnant et beau !

Pour en savoir plus, la BnF propose un document très complet sur l’exposition pour permettre à tout un chacun d’en faire un Parcours autonome. À lire absolument si vous voulez tout connaître de Giuseppe Penone et de son œuvre.


Jean Cortot, le peintre des lettres

En continuant notre déambulation vers la galerie ouest de la bibliothèque, nous passons devant la galerie des donateurs où la BnF expose régulièrement les donations qu’elle reçoit. Aujourd’hui c’est Jean Cortot, artiste peintre et illustrateur, qui est à l’honneur, au travers de son œuvre graphique tissant des liens étroits entre peinture et écriture.

Exposition Jean Cortot, le peintre des mots – Les yeux bandés – 1993 – d’après un poème de Jean Tardieu
Exposition Jean Cortot, le peintre des mots – Pour saluer René Char – 1996
Exposition Jean Cortot, le peintre des mots

Pour en voir plus, ma galerie photo :

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