Après l’Allemagne romantique et Naples en 2019, le Petit Palais nous emporte cette fois-ci au Danemark pour découvrir les artistes peintres de son Âge d’or. Paradoxalement, c’est pendant son déclin politique et économique au début du 19e siècle que le Danemark a connu cet Âge d’or sur le plan culturel.

Expo L’Âge d’or de la peinture danoise

Depuis le blocus anglais en 1801, avec un bombardement de Copenhague à la clé, jusqu’à la perte du Schleswig en 1864 face à la Prusse, les artistes danois, mais également les scientifiques et les écrivains, ont bâti malgré toutes ces difficultés l’image d’un pays fort et uni, en pleine évolution. La vie culturelle est en plein essor, les lieux d’exposition se multiplient et l’émergence d’une bourgeoisie aisée permet aux artistes de pouvoir compter sur des acheteurs réguliers qui deviennent peu à peu collectionneurs.

Expo L’Âge d’or de la peinture danoise – Christian August Lorentzen – La Nuit la plus effroyable, Kongens Nytorv pendant le bombardement anglais de Copenhague, dans la nuit du 4 au 5 septembre 1807 – 1807-1808

L’exposition aborde successivement les thèmes de la vie à Copenhague, de l’artiste au travail, des voyages, de l’observation de la nature et de la peinture de plein air ainsi que les nombreux portraits.

Expo L’Âge d’or de la peinture danoise – Carl Dahl – Larsens Plads à Copenhague – 1840
Expo L’Âge d’or de la peinture danoise – Martinus C. W. Rorbye – La prison de l’hôtel de ville et le palais de Justice de Copenhague – 1831

Le parcours s’ouvre sur la grande figure de l’Âge d’or, Christoffer Wilhelm Eckersberg, le père de la peinture danoise, qui est à l’origine du remarquable renouveau artistique du Danemark et qui a formé toute une nouvelle génération de peintres lorsqu’il était professeur à l’Académie royale.

Les premières sections s’intéressent au tavail des artistes, depuis l’Académie des beaux-arts jusqu’à l’atelier, puis aux portraits destinés aussi bien aux officiels, la cour royale et les princes, qu’aux bourgeois. Beaucoup de portraits d’enfants très sympathiques.

Les artistes médaillés par l’Académie bénéficiaient d’une bourse de voyage pour partir étudier à l’étranger, parfois en France, le plus souvent en Italie. Eckersberg passa 3 ans à Paris auprès de Jacques-Louis David ; à Rome, les « stagiaires » se formaient au contact des vestiges antiques et de l’art de la Renaissance. Certains allèrent jusqu’en Grèce et au Moyen Orient. Outre les études de paysages réalisées en plein air, ils peignaient également des scènes pittoresques, on dirait typiques, qu’ils vendaient aux collectionneurs danois.

L’observation de la nature et l’étude des phénomènes physiques étaient à la mode chez les artistes, alors que les sciences de la nature étaient en plein essor. Ils n’hésitèrent pas à aller peindre sur le motif et à oser des cadrages novateurs dans leurs compositions. Face à l’industrialisation galopante de leur pays, ils exprimèrent dans leurs toiles une nostalgie du passé et un désir d’une vie simple et naturelle (déjà !).

En exergue de l’article, le tableau Matin d’automne au lac Sortedam (1838) est de Christian Kobke.

Le parcours s’achève sur les peintures de la vie urbaine et des scènes du quotidien des habitants de la capitale danoise en plein développement après les années de déclin. À la fin de l’Âge d’or, des peintures historiques commémorèrent le patriotisme des Danois pendant les années de guerre, comme des vestiges d’une époque révolue avant la révolution de la peinture moderne des années 1870.

Cette exposition est une nouvelle occasion pour nous de croiser la peinture danoise que nous avons rencontrée à Ottawa au musée des beaux-arts de la capitale canadienne avec une exposition des chefs-d’œuvre impressionnistes de la collection Ordrupgaard de Copenhague.

Le musée nous expliquait déjà tout cela : Au début du 19e siècle, la peinture danoise connaît son « âge d’or » avec la figure tutélaire de Christoffer Wilhelm Eckersberg. En 1818, ce dernier commence à enseigner à l’Académie royale des Beaux-Arts de Copenhague où il compte Christen parmi ses élèves. Au-delà même de la minutie de leur rendu, les œuvres de ces deux artistes se distinguent par un souci d’objectivité devant la nature et la société de l’époque. Johan Thomas Lundbye et Peter Christian Thamsen Skovgaard donnèrent pour leur part leurs lettres de noblesse à une forme de romantisme nationaliste dans le genre du paysage. Vers la fin du siècle, Laurits Andersen Ring évoque la vie laborieuse des paysans et fait de son œuvre une sorte de manifeste social de la ruralité. L’univers de Vilhelm Hammershoi est quant à lui essentiellement dévolu à des vues d’intérieurs et quelques portraits de familiers, ou encore à des paysages et des tableaux d’architecture. Si sa peinture semble composer un hommage au monde silencieux de l’école hollandaise du 17e siècle, sa palette monochrome et son style intimiste plutôt froid situent son œuvre aux frontières du symbolisme. 

Autre occasion de rencontre avec les artistes danois, l’univers de Wilhelm Hammershoi a fait l’objet d’une splendide exposition au musée Jacquemart André qui qualifie l’artiste de maître de la peinture danoise.

Pour en apprendre un peu plus sur l’Âge d’or, on peut consulter le dossier de presse de l’exposition du Petit Palais.


3 commentaires

Matatoune · 5 octobre 2020 à 14 h 44 min

Superbe retour d’exposition. Merci bcp

    micmac · 5 octobre 2020 à 17 h 20 min

    Merci. Ça fait plaisir de visiter à nouveau les expositions et de pouvoir en faire part.

cacahuète · 31 octobre 2020 à 15 h 11 min

j’ai adoré cette expo, merci pour cet article

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