Le département des cartes et plans de la BnF nous gratifie régulièrement d’expositions toujours très intéressantes qui lui permettent de montrer au public les richesses de ses collections exceptionnelles. Je me souviens avec émotion de l’Âge d’or des cartes marines.
Cette fois-ci, avec Le Monde en sphères, c’est à un parcours parmi les globes, terrestres ou célestes, que nous sommes conviés. En fait à une exploration de la représentation de la Terre et du Ciel. Si l’on sait depuis plusieurs siècles avant notre ère que la Terre est sphérique, sa position dans l’espace au milieu du Soleil, de la Lune, des planètes et des étoiles a fait l’objet de débats jusqu’à une époque beaucoup plus récente, celle de Copernic en gros.
Cette exposition nous montre trois types de globes ou de sphères tout au long de 2500 ans d’histoire : les globes terrestres, les globes célestes (qui positionnent les constellations d’étoiles sur une sphère) et les sphères armillaires. Ces dernières sont des maquettes qui représentent les mouvements apparents des différents astres entre eux. C’est d’ailleurs l’une d’entre elle qui nous accueille à l’exposition.
La page de l’exposition sur le site de la BnF résume bien les différentes étapes de la scénographie.
L’exposition «Le Monde en sphères» relate les origines antiques du modèle cosmologique et astronomique de sphères concentriques, puis la réception et l’évolution de ces théories et représentations à l’époque médiévale, dans le monde arabo-musulman et l’Occident chrétien. Au fur et à mesure que s’affirme le globe terrestre géographique, à la faveur des explorations européennes et de la Renaissance des arts et sciences en Europe aux XVe et XVIe siècles, au fil des révolutions scientifiques de Copernic à Newton et jusqu’aux origines de l’astrophysique moderne, le globe s’enrichit, se transforme, devient un objet familier à haute valeur symbolique, que les artistes s’approprient et réinterrogent à la lumière des défis de leur époque.
Beaucoup de très beaux objets, dont le plus ancien globe terrestre connu, celui dit de Behaïm, ou encore le globe “vert”, mon préféré.
Ce qui est intéressant, c’est qu’à une certaine époque, on présentait simultanément les deux systèmes cosmologiques, le premier géocentrique dit de Ptolémée et second héliocentrique dit de Copernic, comme s’il fallait préserver les anciennes croyances. Ce n’est pas aujourd’hui qu’on verrait des gens remettre en cause la rotondité de la Terre ou la théorie de l’évolution !
Les derniers mètres du parcours nous font passer devant des œuvres d’artistes contemporains inspirés par la force évocatrice des globes terrestres. Je reste sans voix devant Excroissance – 2005 – la Terre menacée, un travail de Thomas Hirschhorn.
Ce n’est pas très beau, ces globes terrestres recouverts rubans adhésifs de déménagement empilés sur 7 étagères. Chacun d’entre eux représente une plaie portée par la Terre et, au cas où on ne comprendrait pas très bien, une photo est collée devant chaque globe pour préciser la plaie en question. Dommage de finir l’exposition avec une telle médiocrité alors que tout le reste est si splendide !
Une autre œuvre moderne m’a paru plus amusante : le Monde sous pression de Batoul S’Himi.
On nous invite ensuite à poursuivre jusqu’à la galerie ouest de la BnF pour aller admirer les globes de Coronelli qui sont en dépôt en ce lieu.
En principe, on n’a pas le droit de photographier les globes de Coronelli, une petite affiche bien timide le précise sur un des murs. Sans doute pour préserver les droits d’un mécène quelconque qui a peur d’être spolié. Ces globes sont immenses, 4 mètres de diamètre environ pour 2 tonnes chacun. Ils ont été créés par Vincenzo Coronelli pour présenter à Louis XIV l’état des connaissances géographiques et les savoirs sur les civilisations indigènes tandis que le globe céleste figure l’état du ciel à la naissance de Louis XIV.
Pour prolonger l’exposition, la BnF en propose une exposition virtuelle fort bien documentée.
Gallica, pour sa part, a numérisé nombre de documents relatifs aux globes. On y trouvera les globes en 2D, de simples photographies des globes sous différents angles, et des globes “en fuseau”, qui sont en fait les cartes manuscrites ou imprimées que l’on découpait et collait sur les sphères. L’exposition en montre quelques unes, Gallica en a numérisé un bon nombre.
Il y a aussi des globes en 3D, comme ci-dessous, qu’il est possible de visualiser de manière très précise. Excellent travail ! Je vous propose le globe vert dans le visualiseur de Gallica mais attention ! ça consomme beaucoup d’énergie sur la page.
C’est plus confortable de voir ce globe dans un nouvel onglet.
Voici trois autres exemples de globes terrestres en 3D suivis d’un globe céleste :
- Globe terrestre dit “globe de bois” – 1535
- Globe terrestre de Martin Behaim – 1492
- Globe terrestre de Jodocus Hondius – 1600
- Globe céleste de Jodocus Hondius – 1600
Dépêchez-vous, l’exposition se termine le 21 juillet 2019. Mais si vous ratez le coche, il y a beaucoup de très belles ressources en ligne, comme la BnF et Gallica savent le faire.
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