Dimanche prochain, nous avancerons notre montre d’une heure pour adopter l’heure d’été jusqu’en octobre. Nous oublierons bientôt cette pratique, car le Parlement européen a validé, mardi 26 mars, la fin du changement d’heure bisannuel pour 2021. Chaque État-membre conserve le choix final du fuseau horaire qu’il adoptera lorsque cette suppression sera effective.

En 2021 (notez le sur vos tablettes) :

  • ceux qui conserveront l’heure d’été changeront d’heure une dernière fois le dimanche 28 mars ;
  • ceux qui auront choisi l’heure « standard », c’est-à-dire l’heure d’hiver, le feront le dimanche 31 octobre.

En France, le choix du fuseau horaire définitif n’est pas encore fait, mais 59% des citoyens qui ont participé à un sondage du Parlement préfèrent l’heure d’été.

La situation actuelle des heures des pays européens est celle décrite par l’extrait de carte ci-dessous.

La France comme l’Espagne sont à l’heure normale de l’Europe Centrale (HNEC ou UTC+1) alors que, sur un plan purement géographique, elles devraient plutôt partager la même heure que le Royaume-Uni et le Portugal, à savoir l’heure normale de l’Europe de l’Ouest. Celle-ci est l’heure du méridien de Greenwich (GMT, devenu UTC en 1972), lui-même pas très éloigné du méridien de Paris qui a servi de référence pour l’heure en France depuis la fin du 19ème siècle.

À noter que la pratique d’avancer les horloges d’une heure pendant l’été était courante dans presque tous les pays européens, dès le début du 20ème siècle, avec comme justification le besoin de faire des économies d’énergie.

Mais les petites taquineries que la France a connues avec son grand voisin d’outre-Rhin ont conduit à ce que, pour des raisons pratiques, les territoires occupés par l’armée allemande lors des deux guerres mondiales sont passés à « l’heure allemande ». Ainsi, en 1940, au fur et à mesure de l’occupation du territoire, la France passait de GMT + 1 à GMT + 2 puisqu’on était en été. Mieux, pour éviter les soucis de coordination des transports ferrés entre zone occupée et zone « nono », Pétain décide en novembre 1941 de faire passer la zone « libre » à l’heure allemande. Déjà la SNCF se signalait …

Plus étonnant, le Royaume-Uni a également adopté entre 1940 et 1945 l’heure d’hiver en GMT + 1 et une heure d’été en GMT + 2 (appelée la double heure d’été britannique). Lors du débarquement en juin 1944, les alliés et les occupants étaient tous en GMT + 2. C’est peut-être un détail, mais en pratique, ça a du faciliter les choses … À la fin de la guerre, les horloges anglaises sont repassées en GMT (et GMT + 1 en été).

En France, en 1945, il était prévu de revenir à GMT + 1 pour l’hiver (ce qui est normal) et presque aussitôt de passer à GMT. Mais le décret prévoyant cette deuxième baisse a été annulé. 

Résultat, nous sommes toujours à l’heure allemande, en partie grâce à Pétain et avec le concours de la SNCF. L’heure d’été a également été supprimée et elle n’a été rétablie qu’en 1976, en France en premier, puis en 1980 dans tous les pays de l’Union européenne. Motif : le choc pétrolier et le besoin de faire des économies d’énergie.

L’histoire nous conduit donc à vivre très en avance sur le soleil, une heure en hiver, deux heures en été. Renoncer au changement d’heure tout en choisissant son fuseau horaire pourrait être l’occasion de revenir à un meilleur équilibre de la journée autour de la course du soleil. 

Mais je crains que la perspective de bénéficier de soirées plus longues, hiver comme été, n’emporte la décision finale en faveur du maintien de l’heure d’été. À moins que le souci d’une nécessaire coordination entre pays voisins ne nous laisse finalement plus trop de choix. À voir …

Ci-dessous, les fuseaux horaires hypothétiques en Europe si chaque pays appliquait systématiquement l’heure solaire moyenne de là où se trouve la partie principale du pays. France, Espagne, Royaume-Uni et le Benelux seraient en UTC, l’Europe centrale en UTC + 1, etc. Mais à l’heure du Brexit, introduire un décalage d’une heure sur l’île d’Irlande n’est pas judicieux. Tout comme décaler la France de l’Allemagne et de l’Italie n’est pas forcément une bonne idée.

Pas facile tout cela, alors pour en savoir plus :

La photo en exergue est une vue de l’horloge astronomique de la cathédrale de Strasbourg.


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