Après l’Ille-et-Vilaine, le Morbihan et les Côtes-d’Armor, retour en Finistère quatre ans après notre dernière visite.
Une troménie, c’est un type de pardon principalement répandu en Bretagne, consistant en une longue procession religieuse qui repasse par son point de départ. La troménie la plus connue est celle de Locronan dans le Finistère. La pratique est inscrite à l’Inventaire du patrimoine culturel immatériel français depuis 2020. Je me permets d’utiliser ce terme pour faire plus local et affirmer la bretonitude de notre balade, virée, périple ou pérégrination, galettes comprises.
Le pays Bigouden, quant à lui, c’est un pays traditionnel situé au sud-ouest du département du Finistère, on dira globalement entre Quimper et la mer au sud et à l’ouest. C’est plus une aire culturelle qu’une zone naturelle ou qu’une ancienne province. En dehors du littoral, ses limites peuvent être un peu floues et nous n’avons pas hésité à les franchir …
Quimper
Quimper est la préfecture du Finistère et c’est une ville de 70 000 habitants qui a conservé un centre ancien autour de la cathédrale Saint-Corentin, le long du petit fleuve l’Odet et de son affluent le Steïr. Ce centre est en majorité piétonnier, très commerçant avec pas mal de crêperies, de bars et autres restaurations. Nous suivons plus ou moins des parcours de balades proposés par l’Office de tourisme, en passant bien sûr par la cathédrale.
Visite en images.
Nous avons déjeuné avec un grand plaisir au Bistrot de la Pépinière, situé non loin de la cathédrale, rue du Frout.
Concarneau
Difficile de ne pas faire un tour jusqu’à Concarneau et sa ville close, toujours aussi sympa-touris-thique. Après avoir déambulé dans les vieilles rues et sur les remparts, nous parcourons à pied un petit bout du GR34 le long de la corniche vers le quai russe et la plage des Dames.
Douarnenez
Douarnenez n’est pas vraiment en pays Bigouden, plutôt dans le pays des Penn-Sardin (tête de sardine), surnom donné aux habitants de ce port de pêche qui s’est développé grâce à la sardine. Aujourd’hui, les touristes complètent le petit poisson bleu dans l’économie locale mais Douarnenez est toujours la capitale européenne de la conserve de poisson. La petite ville a conservé un peu de son habitat traditionnel, le port-musée à Port-Rhu et l’ancien port de pêche avec son petit front de mer attirent les visiteurs dans leurs bars et restaurants.
Nous avons déjeuné dans une excellente crêperie située à l’écart des attrape-touristes portuaires, Auprès de ma crêpe, 42 rue Anatole France un peu au-dessus de la chapelle Sainte-Hélène.
Pointe de Van et chapelle Saint-They
Après Douarnenez, nous prenons la direction de l’ouest, j’ai envie de découvrir la Pointe du Van et la chapelle Saint-They construite au milieu de nulle part, en bordure de la falaise, bien loin de la plus proche habitation. C’est à quelques kilomètres de la Pointe du Raz , mieux connue mais plus fréquentée. Ici, à la Pointe du Van, le paysage est aussi sublime, voire plus, et il n’y a pas un chat …
À un détour du GR34 (encore lui), on découvre la chapelle dans son enclos, comme dans la dernière photo ci-dessus. Au loin, la Pointe du raz se détache sur l’horizon. Plus au large, l’île de Sein émerge à peine de la mer.
Symbole du Cap-Sizun (c’est ainsi que l’on désigne toute cette extrémité ouest de la Cornouaille), la chapelle Saint-They surplombe la mer à quelques mètres seulement des falaises vertigineuses de la pointe du Van. Autrefois, lors des pardons, les processions faisaient le tour de l’enclos mais en prenant soin de border la falaise d’un tour de mottes coupées sur la lande voisine afin d’éloigner le mauvais sort. Aujourd’hui, il serait difficile d’en faire autant tellement la mer a gagné du terrain et la falaise s’est approchée de la chapelle.
Saint They est un obscur saint breton, plutôt légendaire, jamais reconnu comme tel par l’Église officielle. Il y en a des tas (on dit 7777 !) de ces saints bretons dans cette partie de la Bretagne (continentale), ils seraient venus de la Bretagne (insulaire), fuyant les invasions angles ou saxonnes ou vikings ou je-ne-sais-plus-quoi et en profitant pour évangéliser les impies cousins celtes. Cette migration de populations depuis la Bretagne vers l’Armorique est un fait historique avéré, les liens culturels et linguistiques étaient forts entre les deux côtés de la Manche.
Le moins que l’on puisse dire est que le site est impressionnant, nous le voyons de plus sous un beau ciel bleu et devant une mer juste un peu agitée.
Avant de repartir, petit détour par la fontaine Saint-Mathieu toute proche.
Tant qu’à faire, nous poussons vers la Point du Raz qui n’est qu’à 4 ou 5 kilomètres. Mais l’ambiance est totalement différente, ici il faut obligatoirement se garer dans un parking payant (8 euros). Nous ne nous sentons pas attirés par une halte tarifée et sans doute trop fréquentée après la belle visite que nous venons de faire. Retour immédiat vers la capitale du Pays Bigouden.
Pour que vous ne soyez pas trop déçus, je vous propose une carte postale (conservée, allez savoir pourquoi, à la médiathèque de la Communauté Urbaine d’Alençon).

Le Guilvinec, Penmarc’h et la Pointe de la Torche
À la suite des pays de Penn-Sardin et de Cap-Sizun, retour en Pays Bigouden pour visiter son extrémité sud-ouest. Après être passé par Bénodet et tenté vainement de trouver à déjeuner à Loctudy, nous poursuivons jusqu’au Guilvinec, premier port de pêche artisanale de France. Nous trouvons presque par hasard, sur la rue de la Marine, le restaurant Entre Nous qui nous accueille dans un cadre moderne et avec une cuisine assez élaborée et réconfortante : des moules de Loctudy avec sauce marinière au lard et une salade « Sea sar » suivis de deux « Presque un Kouing Amann » ! Voila qui fait oublier qu’on imaginait devoir se contenter d’un sandwich.
Après une petite balade sur le port, nous poussons jusqu’à Penmarc’h, plus particulièrement le quartier Saint-Pierre au pied du phare d’Eckmühl.
C’est ensuite à la Pointe de la Torche, située à quelques kilomètres vers le nord, que nous terminons cette journée de balade. Le site est connu pour la plage de Tronoen, spot bien connu des surfers et autres amateurs de sports de glisse et de voile. Le vent et les vagues sont juste ce qu’il faut – à mon humble avis – pour leur permettre de réaliser quelques belles figures.
Mais la Pointe de la Torche est aussi une petite presqu’île naturelle qui garde les empreintes d’une présence humaine au mésolithique et au néolithique avec un tumulus érigé au sommet d’un petit promontoire granitique. Actuellement érodé, le reste de ce tumulus laisse apparaître un dolmen et une allée couverte.
La site est maintenant classé et son aménagement permet de s’y promener le long de sentiers bien balisés. Mais cela n’a pas été de tout repos (article de Wikipedia):
Par endroits, à proximité de la Pointe de la Toche, le trait de côte a reculé jusqu’à 35 mètres entre 2014 et 2021 ; le recul de la dune a laissé apparaître une décharge sauvage (dans la décennie 1960, les déchets des communes de Plomeur et des alentours étaient enfouis là, dans une ancienne carrière de sable). En mars 2021, ces déchets ont été en partie évacués. Mais le recul de la dune qui se poursuit fait apparaître de nouveaux détritus (carcasses de voiture, pneus, gravats, etc..). Grâce au plan de résorption des décharges littorales lancé en 2022 par le président de la République, une purge complète du site commence en septembre 2023 ; plus de 140 tonnes de déchets sont extraits, mêlés à environ 1 000 m3 de sable, lequel est minutieusement trié par deux cribleurs avant d’être remis en place pour refaçonner la dune à l’identique. Ces travaux d’effacement de l’ancienne décharge sauvage et de réhabilitation du site, situé en zone Natura 2000, ont été achevés en février 2024.
Après avoir fait le tour de la presqu’île, nous retournons vers Quimper.
Daoulas
Alors, là, Daoulas ce n’est pas du tout le Pays Bigouden, mais nous y faisons une halte rapide au retour d’une virée dans le Pays de Léon (le Finistère du nord, suivez un peu). Il y a là une ancienne abbaye de l’orde de Saint-Augustin, devenue propriété du conseil départemental du Finistère depuis 1984. Elle est maintenant gérée par l’établissement public de coopération culturelle (EPCC) Chemins du patrimoine en Finistère qui organise des expositions ethnographiques ou socio-anthropologiques sur différents sujets transversaux liés à la diversité culturelle.
Mais il est trop tard pour pouvoir visiter l’abbaye et l’exposition en cours. Nous devons nous contenter de faire quelques photos des maisons anciennes de ce quartier de Daoulas un peu en dehors du temps.
Voila qui achève notre « troménie » en Basse-Bretagne. Retour vers Quimper, puis retour vers Paris avec l’envie de ne plus attendre quatre ans pour revenir.
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