Après notre visite au musée Jean-Jacques Henner, nous avions trois jours pour profiter d’une entrée gratuite au musée consacré au peintre symboliste Gustave Moreau (1826-1898), situé dans le 9e arrondissement de Paris au 14 de la rue de la Rochefoucauld. Ce rapprochement entre les deux musées est sûrement du au fait qu’ils sont gérés par le même établissement public.
Comme l’écrivit le peintre et critique Ary Renan, « Gustave Moreau ne peignit pas l’homme ; il peignit la pensée et l’imagination humaine. Il est le peintre élu des mythes, des légendes, des sentiments symbolisés. » Voila qui résume bien l’impression que laisse l’œuvre du peintre qui mérite sa qualification de symboliste.
De son vivant, Gustave Moreau commence le tri de ce qu’il souhaite présenter ici même. Tenant, par dessus tout, à ce que soient préservés les anciens appartements de son père et de sa mère, au premier étage de sa maison, il y organise, jusqu’à ses derniers jours, un « petit musée » sentimental, comprenant des photographies des œuvres qui avaient fait son succès, des portraits et des souvenirs de famille, ainsi que la collection de peintures, dessins et aquarelles ayant appartenu à son amie Alexandrine Durieux, morte en 1890.
Le contraste avec le musée Henner est saisissant : ici les murs sont littéralement couverts de tableaux rendant difficile la contemplation des œuvres, l’espace est exigu, la circulation dans certaines salles meublées est limitée, bref ! pas facile de flâner, du moins au rez-de-chaussée et au premier étage.
Heureusement, Gustave Moreau fait construire en 1895, par l’architecte Albert Lafon, au-dessus des deux premiers niveaux les grands ateliers destinés au musée. Ceux-ci sont répartis sur les deuxième et troisième étages et sont reliés par un splendide escalier en colimaçon.
Les généreuses dimensions de ces deux ateliers autorisent l’accrochage des toiles de grandes dimensions. On dit même que le peintre avait commencé à agrandir certaines de ses œuvres passées pour les adapter à la hauteur des espaces, en préparation (peut-être) d’une exposition à venir après sa mort. Si la contemplation des peintures est plus aisée ici, le taux de couverture des mur est toujours élevé, heureusement les grandes baies vitrées ont été épargnées.
La production picturale de l’artiste est au croisement de différentes époques et de plusieurs sources d’inspiration. Dans ses œuvres à caractère tant profane que sacré, il déploie un art composite mêlant Moyen Âge, Antiquité et Renaissance, Orient et Occident pour créer un univers hors du temps. C’est sans nul doute ce qui fait sa singularité.
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