Jolie découverte en cette après-midi fraîche et pluvieuse que celle du musée consacré au peintre Jean-Jacques Henner. Situé dans un hôtel particulier du 17e arrondissement de Paris, dans le très chic quartier de la Plaine-Monceau, il fait partie de ces musées-ateliers aménagés dans d’anciennes demeures d’artistes.

Musée Jean-Jacques Henner

Sauf qu’ici, le musée a d’abord été la maison-atelier de Guillaume Dubufe (1853-1909), un peintre et illustrateur parisien de la fin du 19e siècle, avant de devenir un musée national consacré à l’œuvre de Jean-Jacques Henner (1829-1905).

Guillaume Dubufe, Issu d’une dynastie d’artistes, a réalisé plusieurs décors monumentaux importants comme les plafonds du buffet de la gare de Lyon, de la bibliothèque de la Sorbonne ou du foyer de la Comédie-Française. En 1878, il a acheté au peintre Roger Jourdain (1845-1918) cet hôtel particulier, comportant alors deux étages sous combles, construit par l’architecte, Nicolas Félix Escalier (1843-1920). La famille Dubufe y a habité jusqu’en 1921. On sait, par des lettres conservées au musée, que les deux peintres, Dubufe et Henner, se connaissaient, une dizaine de dîners chez Dubufe sont inscrits dans les agendas de Henner entre 1874 et 1880. Jean-Jacques Henner, avait, quant à lui, depuis 1867, son atelier 11 place Pigalle, qui restera son adresse même si, à partir des années 1890, il habitait chez son neveu Jules Henner (1858-1913) au 41 rue La Bruyère.

C’est la nièce du peintre, Marie Henner, qui est à l’origine de la création du musée. Entourée d’artistes souvent proches de Jean-Jacques Henner, comme le peintre Many Benner (1873-1965), le sculpteur Denys Puech (1854-1942) ou l’architecte Charles Girault (1851-1932), Marie Henner a acheté en 1921 l’hôtel particulier dans lequel elle fera réaliser d’importants travaux afin de le transformer en musée.

En 1923, elle fait don à l’État français du bâtiment sis au 43 avenue de Villiers à Paris et de quatre cent quarante peintures ainsi que des dessins, sculptures, meubles et objets provenant pour la plupart de l’atelier de Jean-Jacques Henner. Le musée a ouvert ses portes au public en mars 1924. Le musée conserve aujourd’hui 2235 œuvres et objets, dont 539 peintures et 1400 dessins de Jean-Jacques Henner mais aussi des meubles et objets venant de l’artiste ainsi qu’un grand nombre de lettres, photographies et documents. 

Le musée propose aux visiteurs une exposition consacrée à certaines élèves de Jean-Jacques Henner : fruit de trois ans de recherches et prenant appui sur de nombreuses archives inédites, elle permet pour la première fois d’appréhender le travail d’une dizaine d’élèves mis en regard des tableaux de leur(s) maître(s). Elle convie le visiteur à (re)découvrir au fil de sept sections, et par le biais d’œuvres parfois inédites, leur identité, leur apprentissage et leurs parcours. 

Il faut savoir que, jusqu’en 1897 en France, les femmes ne sont pas admises à l’École des beaux-arts, notamment à cause de la nudité des modèles masculins. Pour qu’elles puissent suivre une formation artistique, de nombreux ateliers privés se développent dès la seconde moitié du 19e siècle. Les plus renommés sont ceux des peintres Léon Cogniet (1794-1880) et Charles Chaplin (1825-1891), ainsi que les académies Julian, Colarossi et Vitti. 

C’est dans ce contexte que Jean-Jacques Henner (1829-1905) est sollicité en 1874, il y a 150 ans, par son collègue et ami Charles Auguste Émile Durant (1837-1917), dit Carolus-Duran, pour venir enseigner dans « l’atelier des dames» que ce dernier avait fondé. Les deux artistes cumulent de solides références artistiques et de nombreuses distinctions, autant de gages de soutien pour favoriser le début de carrière de leurs élèves. Le peintre y restera fidèle jusqu’en 1889, date de son élection à l’Institut.

Les œuvres présentées sont exclusivement des portraits dont Henner et bon nombre de ses collègues étaient les spécialistes et qu’il enseignait majoritairement à ses élèves. Son style est reconnaissable entre tous avec ses nombreux portraits féminins aux chairs pâles, à la chevelure rousse et aux poses alanguies. La poésie qui se dégage de ses œuvres embrumées d’un subtil sfumato valorise les chairs blanches des figures.

L’esthétique des œuvres présentées associée à la découverte d’un espace attrayant rend la visite particulièrement intéressante. N’hésitez pas à aller baguenauder du côté du Parc Monceau, l’exposition dure jusqu’au 28 avril.

Le dossier de presse est téléchargeable ici.


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