Mes connaissances au sujet de l’œuvre d’Edvard Munch (1863-1944) se limitaient au seul tableau Le Cri, mais ça, c’était avant d’aller découvrir cet artiste au musée d’Orsay qui en propose une rétrospective passionnante sous le bel intitulé Un poème de vie, d’amour et de mort.
On n’y verra pas une des versions peintes du Cri, elles n’ont pas quitté la Norvège ou le coffre-fort d’un richissime amateur. Cependant une lithographie a fait le voyage depuis Oslo, il s’agit de la première version imprimée, agrémentée de rehauts d’aquarelle.
Au-delà du Cri, cette exposition a le mérite de montrer l’ampleur de la production d’Edvard Munch qui occupe une place singulière dans la modernité artistique, plongeant ses racines dans le 19e siècle pour s’inscrire pleinement dans le foisonnement du 20e.
Sa production tout entière, des années 1880 à sa mort, reflète une vision du monde marquée par une puissante dimension symbolique. Le parcours proposé ne suit pas un fil chronologique mais propose une lecture globale de son œuvre mettant en avant sa grande unité. La notion de cycle est en cela essentielle pour la compréhension de sa peinture. Munch exprime en effet fréquemment l’idée que l’humanité et la nature sont unies dans le cycle de la vie, de la mort et de la renaissance. Cette vision intervient dans la construction même de son œuvre où certains motifs reviennent de façon régulière. L’univers de cet artiste est ainsi pleinement cohérent, voire obsessionnel, et en même temps toujours renouvelé.
Présentation de l’exposition
Munch pratique l’autoportrait tout au long de sa carrière, c’est une manière pour lui de poser les jalons importants de sa vie. Ses autoportraits soulignent ses profondes faiblesses et les doutes intérieurs qui le minent.
Comme il l’a écrit dans un de ses carnets de notes, « la maladie, la folie et la mort étaient les anges noirs qui se sont penchés sur mon berceau », sans doute est-ce la raison pour laquelle son œuvre est fréquemment marquée par ces fléaux et qu’elle ait déclenché de vives réactions de rejet lors des premières expositions à la fin du 19e siècle. Avec sa Frise de la vie, l’artiste cherche à créer un fil conducteur pour son discours autour de l’amour mais également de l’angoisse, du doute et de la confrontation avec la mort, « un poème sur la vie, l’amour, la mort ».
Pour ne pas réduire l’œuvre de Munch au seul Cri, bien qu’il en soit très représentatif, courez au musée d’Orsay (avant le 22 janvier 2023) pour découvrir cet artiste inclassable que l’on considère comme un précurseur de l’expressionnisme et qui a fait preuve d’une grande créativité esthétique pour exprimer sa vision de la vie.
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