À la Conciergerie, le Centre des monuments nationaux présente « The Sleeping Chapter » de Théo Mercier, troisième chapitre du triptyque OUTREMONDE initié par l’artiste en 2021.
En pénétrant dans la magnifique salle des Gens d’armes, on est frappé par la parfaite fusion entre les œuvres exposées et l’architecture médiévale des lieux. En approchant, on découvre une cinquantaine de sculptures réalisées en sable dont la couleur se marie parfaitement avec la pierre de la salle : des lits, des matelas, des oreillers, des cartons, des ruines de pilier. Seuls les chiens qui veillent sur le sommeil de leurs maîtres, et paradoxalement très expressifs, sont d’une couleur plus claire. Le modelage du sable pour obtenir ces formes est bluffant de réalisme.
Débutez une traversée réparatrice dans les sommeils et les rêves blessés. Dans un environnement à la fois désert et vivant, la salle des Gens d’armes deviendra pour vous une cathédrale des sommeils et un abri des rêves.
Présentation de l’exposition sur le site des Monuments nationaux
« The Sleeping Chapter » transformera votre expérience du monument : des fragments d’architecture en ruine écraseront l’oreiller d’un lit d’enfant proposant un voyage dans le temps et dans la nuit des temps.
Découvrez des sculptures de sable, dont la couleur fait écho à celle de la pierre du palais de la Cité, réelles extensions, prolongements, métaphores de son histoire.
Sous les voûtes séculaires de la Conciergerie émergera du sol un vaste paysage de lits de sable fraîchement défaits et veillés par des chiens de sable.
Ces sculptures, pensées et créées in situ, évoqueront des dormants gardés par leurs fidèles chiens.
À l’invitation de l’artiste, le philosophe italien Emanuele Coccia a écrit le texte suivant en introduction à la visite :
OUTREMONDE est fait de la même substance dont sont faites nos nuits. C’est peut-être la forme d’un moment de notre expérience. Chaque jour, pendant des heures et des heures, nous nous plongeons dans l’apnée de nos rêves. La proportion est frappante dès que l’on y réfléchit : nous passons un jour sur trois dans ce monde dont nous savons pourtant très peu de choses.
Rêver signifie abandonner la sécurité que nous offre notre corps : celle d’être physiquement différent de ce que nous voyons ou imaginons. Rêver, c’est être identique à l’oiseau que l’on observe, à la chaise qui nous soutient, au repas que l’on s’apprête à manger, à l’ombre qui nous traque : s’exposer autant que possible au pouvoir et au risque de l’imagination. C’est pour cette raison que OUTREMONDE est fait de la matière même de la ville que nous habitons, capable d’en prendre toutes les formes, y compris les plus obscures : il s’agit de faire des rêves notre cité.
Ce n’est pas seulement un geste archéologique, c’est aussi une invitation à penser à un autre avenir possible de la ville, dans lequel le rêve construit les rues, les routes, les maisons. Et dans ces pièces, ce n’est pas seulement Paris qui devient un immense lit dans lequel la réalité se transforme en rêve. C’est la planète entière qui est invitée à dormir dans ces lits et à fusionner dans une cathédrale de sommeils partagés. Plutôt que de rêver les yeux ouverts, nous devrions apprendre à vivre, à chaque instant, « les rêves ouverts ».
Depuis la salle des Gens d’arme, on peut partir en visite dans le reste du bâtiment de la Conciergerie, ce que nous faisons assez rapidement. L’édifice médiéval est dans un excellent état, mais les reconstitutions de cellules de prisonniers et de locaux divers ne nous branchent pas spécialement.
Nous préférons aller à la Sainte-Chapelle toute proche que nous n’avions pas vue depuis des lustres (au moins) tout comme la Conciergerie d’ailleurs. Bien que les monuments soient tous deux au sein du Palais de la Cité, il faut sortir sur la rue et refaire la queue : il y a du monde avant l’entrée, il y a du monde dans la chapelle elle-même ce qui gâche un peu le plaisir de retrouver une architecture aussi sublime, restée quasiment intacte depuis le règne de Louis IX, à la moitié du 13e siècle.
Des travaux de restauration sont en cours, la « chapelle basse » est encombrée par la boutique de souvenirs, je trouve finalement que le prix du billet combiné pour les deux édifices (18,50 €) est excessif. Heureusement, l’exposition de Théo Mercier vaut à elle seule le déplacement mais à ce prix … ?
1 commentaire
Théo Mercier à la Conciergerie - DESSIN OU PEINTURE · 15 décembre 2022 à 0 h 57 min
[…] Théo Mercier à la Conciergerie […]