À l’occasion d’un court séjour à Maubeuge, nous avons pu visiter la salle Sthrau, équipement culturel de la ville, riche d’une histoire mouvementée, où se déroulait une exposition sur sa récente renaissance.
Édifiée en 1624 au cœur de Maubeuge, la chapelle du Collège des Jésuites est un édifice religieux qui annonce le début de l’art baroque. Désacralisée à la Révolution Française, elle fut rebaptisée salle Sthrau, du nom du petit tambour alsacien, héros de la bataille de Wattignies, mort à Dourlers en 1793. On lui attribua ensuite, tout au long du 19eme siècle, de surprenantes affectations : écuries, salle de bal ou de récréation.
En 1914, alors qu’elle accueille le musée de Maubeuge, une bibliothèque et une salle de musique, elle est gravement touchée par les bombardements allemands. Le bâtiment est presque entièrement détruit ; seuls subsistent les murs et le pignon, En 1920, pour effacer les stigmates de la première guerre mondiale, la municipalité sollicite les architectes Jean et Henri Lafitte pour reconstruire l’édifice. Les travaux débutèrent en 1925 pour s’achever en 1927 : l’ancienne chapelle est transformée en une somptueuse salle des fêtes, décorée dans le plus pur style Art Déco. Organisée sur deux niveaux pour accueillir une salle de musique ainsi qu’une salle de bal, elle disposait également de vestiaires, d’un bar, de salons de jeux et de loges pour artistes.
Tout au long du 20e siècle, un large public put profiter des couleurs chatoyantes et du riche décor de la salle lors des concerts, bals et autres manifestations publiques organisés par la ville.
La salle a été rendue inaccessible au public en 1998 pour des raisons de sécurité. La municipalité a néanmoins procédé, dès 2003, à la réfection complète de la toiture et des verrières afin d’assurer l’étanchéité du bâtiment, puis en 2017, elle lance un chantier de restauration complète de la salle qui lui permet de retrouver son lustre d’antan : le parti-pris architectural a consisté, à l’extérieur, à restaurer l’architecture religieuse de la chapelle jésuite de 1624 et, à l’intérieur, à restituer le décor (peintures et mobilier) imaginé par les architectes lors de la reconstruction historique.
Il faut donc entrer dans le bâtiment pour en découvrir les éléments Art déco car l’extérieur a conservé son style plus ancien du 17e siècle, comme on le voit sur la photo précédente. C’est bien ce qui en fait un édifice unique.
Petite visite en couleur.
La “renaissance” de la salle révèle au public les chefs-d’œuvre que sont la verrière éclairant l’escalier et le vestibule, le dôme couvrant la salle de bal, les fresques ornant les murs et les ferronneries des balustrades. Splendide !
La salle Sthrau est accolée à l’ancien collège royal de Maubeuge, ancien collège Coutelle, devenu pôle culturel Henri Lafitte, qui accueille entre ses murs diverses associations, le photo club de Maubeuge et l’atelier artistique municipal.
Pour en savoir plus :
- l’histoire du petit tambour Sthrau n’est validée par aucune recherche historique, c’est peut-être une légende destinée à célébrer un “martyr” laïc, héros des armées de la Révolution.
- l’orthographe de Sthrau est incertaine, on trouve des variantes comme Stroh ou Strauh. J’ai repris celle qui est utilisée par la ville de Maubeuge sur ses différents sites.
- Hasard : dans notre 13e arrondissement parisien, il existe une rue Sthrau qui célèbre le petit tambour, avec l’orthographe maubeugeoise.
- un article bien complet concernant la salle Sthrau sur le site de Villes et villages de l’Avesnois.
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