Quand on parle de Versailles, on fait souvent référence au château du Roi-Soleil, le grand Louis Dieudonné, 14e du nom, qui prétendait rivaliser avec l’astre du jour. Il a profité de son long règne de 72 ans pour construire dans ce coin alors perdu des Yvelines ce qui est sans nul doute un des plus beaux monuments au monde. Avec l’argent des autres, c’est toujours plus facile. Voila pour le premier soleil de cette virée.

Pour le deuxième, on ira visiter dans le château, qui est aussi un musée national, une exposition consacrée au peintre Hyacinthe Rigaud et dénommée « Le portrait soleil » parce qu’il fut un portraitiste célèbre et qu’il a réalisé le plus connu des portraits du Roi-Soleil, celui (un peu ridicule) de Louis XIV en costume royal, découvrant ses gambettes de gazelle sous des velours fleur-de-lysés un peu empesés mais fort bien peints.

Pour le troisième soleil de la journée, ce sera celui d’une belle balade en vélo entre la capitale et ce haut-lieu du pouvoir royal, via les hauteurs de la forêt de Meudon et du parc de Saint-Cloud. Après un mois de mai un peu frisquet et humide, c’était une belle journée ensoleillée qui invitait à une virée printanière et c’est bien là le principal.

Pour tout dire, nous n’avions pas souvenir d’avoir visité le château ni d’être allés à Versailles depuis le siècle dernier. Et puis la contemplation de la Cour d’Honneur vue du ciel ne nous incitait pas à tenter l’aventure : sur le Géoportail et encore mieux sur Gogol Maps, les files de touristes s’étendent à l’infini.

Mais le confinement inter-national a changé la donne, désolé pour les finances royales, mais la période est plutôt favorable aux pérégrinations muséales, comme en témoigne la photo ci-dessous, prise un vendredi ensoleillé vers 13 heures.

Château de Versailles

Donc c’est une jolie découverte pour nous et nos premiers pas nous mènent dans les jardins car nous sommes un peu en avance sur notre réservation en ligne.

L’entrée au château se fait sans attente à l’heure dite et nous nous rendons à l’exposition Hyacinthe Rigaud ou le portrait soleil.

Château de Versailles
Exposition Hyacinthe Rigaud ou le portrait soleil

Natif de Perpignan, Hyacinthe Rigaud se forme dans le sud de la France avant de s’installer à Paris en 1681. Sur les conseils de Charles Le Brun, il décide de se consacrer au genre du portrait qu’il élève à sa plus haute expression. Il se fait connaitre du roi et de la Cour grâce à la protection du duc d’Orléans dont il fait le portrait en 1688. Puis en 1700, il est reçu comme peintre d’histoire à l’Académie royale de peinture et de sculpture, mais c’est en 1701 qu’il devient le plus célèbre des portraitistes de son temps. Cette année-là, Louis XIV lui commande un portrait en costume de sacre qui devient un véritable emblème de la monarchie absolue française.

Site de l’exposition

Portraits d’aristocrates, portraits de princes et rois, portraits de gens d’épée, portraits de gens d’église, autoportraits, l’exposition démontre certes le talent d’Hyacinthe mais également le niveau d’industrialisation auquel il était parvenu. Décors et fonds standardisés, vêtements et drapages exécutés à la chaîne et avec talent, le peintre se réservait le plus souvent la représentation du visage. Ce qui conduit parfois à des ressemblances troublantes entre deux tableaux accrochés sur le même mur …

Château de Versailles – exposition Hyacinthe Rigaud ou le Portrait Soleil

Pour les « grands » du royaume qu’on ne pouvait convier à l’atelier, c’est l’artiste qui se déplaçait avec un petit carré de toile pour la séance de pose at home. Il ne restait plus qu’à coller ou coudre le petit carré au bon endroit. J’ignorais que Rigaud avait inventé le couper-coller. Mais tout ceci est fort beau, quoique un peu répétitif pour les portraits « officiels ». Lui-même devait se sentir parfois un peu prisonnier de son art, aussi s’évadait-il parfois en peignant des modèles plus proches de lui.

Une section de l’exposition est consacrée au fameux portrait Soleil, avec deux versions très proches et un modello de petit format. Je vous laisse juger de la tenue et de la majesté du Roy. Et dire que ça a été un modèle pour toutes les cours européennes ! Il fallait montrer que le souverain, malgré ses 63 ans, avait conservé toute sa jeunesse. Du photoshopage avant l’heure quoi ! parce que les jambes ne sont certainement pas à lui.

En conclusion du parcours, trois tableaux plus intimes soulignent, s’il en était encore besoin, le talent d’Hyacinthe Rigaud.

Cette exposition nous a plongés dans le contexte du Grand Siècle, période d’absolutisme monarchique mais aussi du rayonnement de la France sur le plan culturel et artistique. Nous pouvons maintenant parcourir les Grands Appartements, les salles Louis XIV, les galeries pour constater de visu la richesse du mobilier et des décors de ce qui était le centre de l’Europe voici trois siècles. Bien entendu, la chapelle royale et la galerie des glaces sont deux étapes incontournables du parcours qui, pandémie oblige je suppose, est rigoureusement balisé. Comme il n’y a pas trop de monde, la visite est tranquille.

J’apprends que le roi Louis-Philippe, au 19e siècle, a fait aménager des espaces pour célébrer le Premier Empire et son Napoléon tout aussi premier. En fait, en dehors de la réplique du tableau de David situé dans la salle du sacre (de Napoléon ou de Joséphine en fait), il y a beaucoup d’hommages rendus aux hauts gradés qui ont mené les armées françaises vers la gloire. Summum de ce devoir de mémoire, la galerie des batailles qui récapitule sous forme de peintures monumentales les plus grandes batailles gagnées par nos vaillants maréchaux depuis Clovis. Sur le plan architectural, on se croirait dans la Grande Galerie du Louvre.

Une stèle à la sortie de cette galerie célèbre tous les maréchaux, généraux et autres lieutenants du royaume qui sont morts au combat. J’aurais aimé trouver sous chaque tableau une évaluation des centaines et milliers de simples soldats qui ont péri ou sont revenus estropiés de toutes ces batailles « glorieuses ».

À toutes les gloires de la France, vraiment ?

Château de Versailles

Après un bon repas de crêpes en terrasse à quelques encablures du château, nous reprenons la route vers Paris. La dénivelée entre Versailles et Paris est en nette faveur du retour, nous repassons par Ville-d’Avray et le parc de Saint-Cloud, puis le long de la rive gauche de la Seine. Aller-retour de cinquante kilomètres, c’est une bonne virée.


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Portraitiste royal - DESSIN OU PEINTURE · 30 mai 2021 à 20 h 55 min

[…] 27eme jour, j’ai perdu le rythme du challenge avec Sktchy  : un portrait par jour pendant 30 jours.  Mais déconfinement oblige, la vie culturelle m’appelle et c’est à la force des mollets que je suis partie visiter le château  de Versailles  dépourvu de ces touristes et voir l’exposition Hyacinthe Rigaud.  Le récit de cette journée ensoleillée est sur le blog Kermorvan.fr […]

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