Vous vous rappelez qu’au sortir de l’exposition Le Baroque des Lumières, sous-titrée Chefs-d’oeuvre des églises parisiennes au XVIIIe siècle, nous avions été invités à poursuivre notre visite dans les certaines églises parisiennes, dont celle de Saint-Sulpice.

Le plan de l’église Saint-Sulpice : la Chapelle de la Vierge où se trouvent les chefs-d’œuvre du Baroque des lumières est tout « en haut » de l’église. Par contre, la Chapelle des Saint-Anges est située immédiatement à droite de l’entrée.

À cette occasion, nous avions re-découvert d’autres chefs-d’œuvres de cette église, plus récents que ceux de l’époque du Baroque puisqu’ils ont été réalisés par Eugène Delacroix entre 1855 et 1861 dans la Chapelle des Saint-Anges. Une restauration récente les met particulièrement en valeur.

La suite de l’article reprend le texte du panneau d’information mis en place à l’entrée de la chapelle. Si je ne me suis pas (trop) fatigué pour le texte, les photos sont cependant de mon cru.

Une vue partielle de la Chapelle des Saint-Anges : à noter que les boiseries situées sous la fresque de Delacroix sont des trompe-l’œil.

On distingue un peu mieux les trompe-l’œil de ce côté .

La réalisation des peintures

Delacroix réalise des esquisses entre octobre 1849 et juin 1850. Le chantier est retardé par le travail autour de la galerie d’Apollon du Louvre (1850–1851), puis du Salon de la Paix à l’Hôtel de ville de Paris (1852–1854), il reprend vraiment après 1854. La chapelle est inaugurée entre le 31 juillet et le 3 août 1861.

Delacroix imagine et ajuste sa composition par des esquisses au crayon ou à l’encre, puis il réalise le dessin général sur les murs.

La peinture du plafond est une toile marouflée. En revanche sur les deux parois ouest et est, la peinture à la cire est posée directement sur le mur. Delacroix procède à de nombreuses modifications de la composition d’où la présence de multiples couches de peinture, jusqu’à 15 parfois.

Iconographie des trois peintures

Le thème des Saints Anges est un sujet assez rare. S’il retient un motif classique avec le Saint-Michel du plafond (Apocalypse, 12,7–9),  Delacroix choisit pour les deux peintures murales des inspirations singulières : pour le mur ouest, il choisit une histoire d’Héliodore chassé du temple (deuxième livre des Macchabées, 3, 21-28), et pour le mur est, le récit de la lutte de Jacob et de l’ange (Genèse,32, 24-28).

La lutte de Jacob avec l’ange : Jacob, fils d’Isaac, lui-même fils d’Abraham, a été contraint de s’exiler en Mésopotamie après avoir usurpé son droit d’aînesse à son frère Esaü. Dans la scène représentée, il est à la veille de traverser le fleuve pour rentrer en Palestine et affronter sa famille. Durant la nuit, un combat s’engage entre lui et un ange, à l’aube, jJacob finit par l’emporter, vainqueur mais blessé, il demande à l’ange de le bénir. La peinture de Delacroix a inspiré de nombreux peintres, écrivains, artistes, de Paul Gauguin à Marc Chagall. L’écrivain Jean-Paul Kauffman lui a consacré en 2001 un livre entier : La Lutte avec l’Ange.

Eugène Delacroix – La lutte de Jacob avec l’Ange

Héliodore chassé du Temple : en face, le peintre a choisi le sujet d’Héliodore chassé du temple. La scène se déroule dans le temple de Jérusalem. Le roi de Syrie, faussement informé que le trésor du temple de Jérusalem contenait de grandes richesses, envoie son ministre Héliodore pour les confisquer. Malgré les explications du prêtre sur la provenance des dépôts faits par des veuves et des orphelins, Héliodore persiste, mais quand il arrive au temple avec son garde, il doit faire face à un cheval caparaçonné d’or, monté par un cavalier.

Eugène Delacroix – Héliodore chassé du Temple

Saint-Michel terrassant le démon : cette scène est souvent représentée. Saint-Michel, ailé, enfonce sa lance dans la gueule du démon. Michel, protecteur d’Israël, se bat contre Satan et ses anges.

Eugène Delacroix – Saint-Michel terrassant le démon

La rue de Fürstenberg.

À partir de 1857, Delacroix loue un appartement rue de Fürstenberg avec l’usage exclusif du jardin où il fait construire son atelier. Le musée Eugène Delacroix y est fondé à la fin des années 1920 par la Société des amis d’Eugène Delacroix. Cette société rassemble, sous la présidence de Maurice Denis, des grands artistes, historiens et collectionneurs de l’époque qui vont se battre pour sauver l’atelier de la destruction. La création de ce musée met en évidence l’admiration d’artistes du XXème siècle pour celui que Charles Baudelaire qualifiait déjà en 1846 de peintre le plus remarquable de son temps.

J’ai récemment visité le Musée Delacroix, qui est rattaché au Musée du Louvre depuis 2004, à l’occasion de l’exposition Maurice Denis et Eugène Delacroix, de l’atelier au musée.

L’atelier de Delacroix dans le jardin de son appartement de la rue de Fürstenberg devenu un musée national.

Hippolyte-Charles GAULTRON – Portrait de Delacroix, d’après l’Autoportrait peint par Eugène Delacroix et conservé aux Offices à Florence – vers 1846

 

La dernière restauration

L’église ayant été classée au titre des monuments historiques depuis 1915, la restauration s’est exercée sous le contrôle scientifique et technique de l’État. Dix restaurateurs spécialistes de peinture murale, sous la direction d’Alina Moskalik-Detalle, ont été mobilisés pour ce chantier de restauration qui a duré un an entre octobre 2015 et novembre 2016. Un protocole de nettoyage a été mis au point tout spécialement par Richard Wolbers, professeur à l’université du Delaware, protocole qui a fait l’objet tout au long du chantier d’un contrôle par le laboratoire de recherche des monuments historiques (LRMH).

L’église Saint-Sulpice contient encore d’autres « curiosités », dont le très célèbre gnomon, qui est un appareil de mesure astronomique conçu ici pour projeter l’image du Soleil sur le sol, afin de déterminer des éléments fondamentaux de son mouvement annuel dans le ciel.

Le gnomon et la trace sur le sol servant à repérer la position du soleil.

 

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