À l’occasion d’un passage à Concarneau, nous sommes tombés par hasard sur une stèle érigée en hommage aux « Oubliés » de l’Île Saint-Paul. Cette stèle est située, face à la mer, quai de la Croix, dans un petit square qui porte le même nom, près de la station de biologie marine le Marinarium.

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Abandonnés sur l’Île Saint-Paul, lat 38 43’00″S, long 77 43’00″E, entre mars et décembre 19030, ces sept hommes et femmes (plus un nourrisson né en mars 1930) ont enduré les tourments de la privation et de l’isolement. Quatre d’entre eux et l’enfant n’y ont pas survécu. Ils reposent à tout jamais dans le sud de l’océan indien.

Comme indiqué sur la stèle, les « Oubliés » de Saint-Paul sont un groupe de six hommes et une femme enceinte qui furent abandonnés en 1930 sur l’île Saint-Paul, dans le sud de l’Océan Indien, alors qu’ils étaient chargés par la société « La Langouste Française » de garder l’île et ses installations à la fin de la deuxième campagne de pêche.

Les habitants de Concarneau sont très sensibilisés à cette histoire car, vous l’avez vu sur la stèle, plusieurs de ces « Oubliés » en étaient originaires et l’un d’entre eux, Victor Le Brunou, est mort et enterré sur l’île Saint-Paul, avec sa fille la petite Paule née et décédée sur place.

Lire l’article de wikipedia.

Lire le récit dans Le Télégramme : non seulement le récit de cette affaire mais également d’autres histoires survenues sous ces latitudes oubliées.

L’Association des oubliés de l’île Saint-Paul maintient le souvenir de cette tragédie. Elle s’est battue pour en obtenir une reconnaissance officielle qui a eu lieu sous la forme de deux commémorations les 30 novembre et 20 décembre 2015, la première sur place organisée par l’administration des Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF pour les intimes), la seconde  par la Ville de Concarneau. La stèle fut dévoilée à cette occasion, il y a la même sur l’île Saint-Paul, mais il y a peu de chance que je la photographie un jour …

Voici deux cartes pour vous familiariser avec les lieux : pas nécessaire de tout retenir, l’accès est maintenant interdit à toute visite, l’île fait partie d’une réserve naturelle intégrale.

Voir la carte en plein écran dans un nouvel onglet. Dézoomez avec le bouton « – » pour constater comme cette île est abandonnée au milieu de l’Océan Indien.

Sur la carte Google Maps ci-dessous, on peut voir une photo aérienne plus précise de l’île et on distingue parfaitement les ruines de la conserverie au nord de la passe menant au cratère immergé. Le bâtiment blanc un peu brillant situé à courte distance des ruines est sans doute l’abri moderne qui sert aux scientifiques qui font quelques incursions chaque année pour surveiller l’état de l’environnement et … maintenir le drapeau de la France sur cette terre lointaine (avec l’île Amsterdam distante de 85 kilomètres).

Au retour des oubliés en métropole, un procès sera intenté contre la société « La Langouste Française » par les victimes et leurs familles, il s’achèvera en 1937 par la condamnation de la société …

Nota : la longitude gravée sur la stèle n’est pas tout à fait correcte, il faudrait la diminuer de 11 minutes pour se rapprocher de l’île (pour moi, une valeur plus exacte serait 77° 32′ 00″E). Les coordonnées gravées localisent un point situé une vingaine de kilomètres trop à l’est.

En plus : deux autres histoires d’oubliés, les esclaves de l’île de Tromelin, abandonnés pendant 15 ans et les oubliés de Clipperton (c’est aussi une île française, mais cette affaire s’est déroulée lorsqu’elle était sous tutelle mexicaine)


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