Grâce au succès d’un appel au don et au mécénat, la BnF vient de faire l’acquisition des 77 planches originales de La Bête est morte ! dessinées par Calvo. Acte de résistance et œuvre mémorielle, ce chef-d’œuvre est exposé dans la Rotonde du musée de la BnF, en regard d’une sélection de pièces en rapport avec l’époque de la seconde guerre mondiale et conservées dans les différents départements.
Ce monument de la bande dessinée est illustré par Edmond François Calvo (1892-1957), sur un scénario de Victor Dancette (1900-1975), directeur des éditions Générale Publicité (G. P.) et, pour la première partie, Jacques Zimmermann (1899-1977), publiciste, prisonnier de retour d’Allemagne marqué par l’expérience des Kommandos.
La Bête est morte ! transpose dans le règne animal le conflit sous la forme d’une fable animalière. Les Allemands sont représentés en loups conduits par « le Grand Loup » (Hitler) et ses deux acolytes que sont le « Cochon décoré » (Göring) et le « Putois bavard » (Goebbels), les Italiens en hyènes, les Russes en ours blancs, les Anglais en dogs, les Américains en bisons… tandis que les Français forment un peuple bigarré composé de lapins, écureuils, grenouilles, cigognes… Opérations militaires et événements politiques sont exposés avec un fascinant sens du détail, tout comme la Résistance tant intérieure qu’extérieure et la vie quotidienne des civils (exode, rationnement, torture, exécutions, massacres). Enfin, La Bête est morte ! est la première bande dessinée à évoquer le martyre des Juifs, dénonçant la déportation et les « “camps de la mort” d’où l’on ne vit jamais aucun revenir ».
Voici quelques planches, photographiées par mes soins.
Je ne sais pas si (ni quand) ces planches originales seront accessibles sur Gallica, elles sont aujourd’hui exposées sous le copyright des éditions Gallimard et de la BnF. Il doit y avoir quelques questions de droit à régler. À mon avis, les œuvres de Calvo, décédé en 1957, ne sont pas encore dans le domaine public.
Ceci dit, d’autres publications illustrées par Calvo sont disponibles sur Gallica.
Avant de rejoindre la rotonde du musée, on peut faire un aller-retour dans la galerie Mazarin qui expose quelques nouvelles pièces rares des collections de la BnF. Je ne me lasse jamais de les contempler.
Vous avez deux mois pour aller admirer le travail de Calvo à la BnF, l’exposition des planches originales de La Bête est morte ! dure jusqu’au 1er février 2026.
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