Le musée Cernuschi est le musée de la Ville de Paris consacré aux arts de l’Asie. Il a été créé grâce au legs effectué à la fin du 19e siècle par le collectionneur Henri Cernuschi, républicain en conflit avec l’empire et également financier. Celui-ci a légué à la Ville non seulement toute sa collection d’œuvres mais également le bâtiment qu’il avait fait construire pour l’héberger.
L’exposition Retour d’Asie, qui y est présentée jusqu’au 4 février 2024, convie les visiteurs à suivre les pas du collectionneur, depuis son voyage en Extrême-Orient entre 1871 et 1873 jusqu’à son retour à Paris où il crée l’un des tout premiers musées d’art asiatique.
Cette exposition, proposée à l’occasion de la célébration du 150ème anniversaire du retour d’Asie d’Henri Cernuschi, invite à découvrir l’itinéraire du voyageur et collectionneur dont la contribution novatrice a permis de faire éclater en Europe la révolution du goût connue sous le nom de japonisme.
C’est probablement lors de ce séjour en Asie qu’Henri Cernuschi envisage de faire construire un hôtel particulier servant à la fois de demeure et d’écrin à la collection sans précédent qu’il est en train de constituer. Tout au long de son voyage, accompli avec son ami le critique d’art Théodore Duret qui en fit le récit, il expédie environ neuf cents caisses contenant plusieurs milliers d’objets. Il s’agit pour la plupart de bronzes, mais également de céramiques, de bois laqués, de peintures, d’estampes et de photographies.
Dès 1873, Cernuschi, revenu depuis peu à Paris, n’hésite pas à présenter ses trésors au public : quatre des six salles de l’Exposition des beaux-arts de l’Extrême-Orient au palais de l’Industrie sont consacrées à la magnifique sélection d’objets de sa collection, dont pas moins de cinq cents bronzes.
Lorsque l’hôtel particulier qu’il projetait est construit, cette «maison musée» est ouverte sur rendez-vous dès 1875 et Henri Cernuschi continue de prêter ses œuvres. Parallèlement, il entreprend de faire connaître sa collection d’art asiatique par l’image, photographies et gravures qui illustrent les premiers livres en français consacrés à l’art asiatique.
Le parcours de l’exposition reprend plus ou moins cet enchaînement chronologique avec, en première partie, le récit de son voyage, puis le retour à Paris et enfin la création du musée. Une salle décorée en rouge reconstitue la présentation initiale des bronzes sur des gradins se faisant face.
La fascination exercée par ces œuvres est considérable : des artistes comme Gustave Moreau ou le céramiste Théodore Deck y puisent des motifs décoratifs et s’inspirent du riche répertoire des formes de la collection Cernuschi, que les créateurs de manufactures renommées telles que Barbedienne ou Christofle prennent également pour modèle.
En sortant de l’exposition, qui est assez petite, on peut bien entendu poursuivre la contemplation des œuvres en montant à l’étage. Dans la salle où est exposé le grand Bouddha de Meguro, les bois sculptés aux dragons japonais ont été installés après leur rénovation.
Un petit tour avant de quitter le musée toujours aussi sympathique à visiter.
Pour en savoir plus :
- le dossier de presse de l’exposition
- la page Archives du musée Cernuschi est très riche en documents concernant le voyage en Asie et la création du musée, mais couvrant également les autres périodes.
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