Parallèlement à l’exposition Vollard, le Petit Palais réalise un accrochage des tableaux de la donation effectuée par l’académicien Jean-Marie Rouart, sous-titré La Peinture en héritage, accompagnés d’autres tableaux issus de prêts et des collections permanentes.
À l’occasion de la donation d’une dizaine d’œuvres issues de la famille Rouart, grâce à la générosité de Jean-Marie Rouart, de l’Académie française, le Petit Palais propose, au sein de ses collections permanentes, un accrochage dédié à cette illustre dynastie d’artistes et de collectionneurs. Outre les pièces de la donation, la présentation s’enrichit d’une quinzaine de prêts, ainsi que d’un dialogue avec des tableaux du musée liés à cette famille.
LA « CONSTELLATION » ROUART
Henri Rouart a été une personnalité culturelle majeure de la fin du 19e et du début du 20e siècle : éminent industriel, peintre, mais surtout collectionneur passionné et éclairé, il contribua à la reconnaissance de nombreux artistes, en particulier les impressionnistes. Autour de lui gravite une « constellation » artistique : peintres, écrivains, musiciens, critiques d’art.
Henri et son frère Alexis sont particulièrement proches d’Edgar Degas, avec lequel ils avaient effectué leurs études secondaires.Henri le retrouve dans le contexte du siège de Paris, en 1870, et leur amitié se poursuit jusqu’à sa mort.
Le troisième fils d’Henri, Ernest, seul élève de Degas, épouse Julie Manet, la fille de Berthe Morisot et d’Eugène Manet, frère du peintre. À la mort précoce de ses parents, Julie peut compter sur le dévouement de son parrain, Auguste Renoir, qui la représente à plusieurs reprises. Julie est aussi très liée avec ses cousines Paule et Jeannie Gobillard. Cette dernière épouse l’écrivain Paul Valéry qui devient l’une des figures emblématiques du clan.
Un autre fils d’Henri, Louis, épouse Christine Lerolle, fille du peintre Henry Lerolle. La jeune femme évolue dès sa jeunesse dans un cercle culturel en pleine ébullition où se côtoient peintres, écrivains et musiciens des mouvances impressionniste et symboliste. Représentée par Renoir avec sa soeur Yvonne dans le célèbre tableau des Jeunes filles au piano, Christine compta aussi parmi les muses du peintre Maurice Denis, qui fut son témoin de mariage.
Panneau de présentation
C’est bon ? Vous avez compris les liens familiaux et amicaux entre toutes ces personnes ? Ça devait fuser lors des repas dominicaux autour de Papy Henri ! Voila pourquoi sont “accrochées” également des œuvres d’autres peintres que les Rouart eux-mêmes.
Cependant, c’est Augustin, petit-fils d’Henri, qui a droit à une salle entière dédiée à son œuvre.
La majorité de la donation est consacrée à des œuvres d’Augustin Rouart, petit-fils d’Henri, fils de Louis Rouart et Christine Lerolle, et père de Jean-Marie. Épris des maîtres de la Renaissance, notamment Dürer dont il reprend le monogramme, Augustin crée son propre style, combinant respect du réel, fascination pour la nature et goût pour le décoratif dans une synthèse profondément humaniste, comme son maître Maurice Denis. Si la carrière d’Augustin s’est prolongée jusqu’aux années 1980, sa production la plus significative se concentre autour des années 1930-1940. Parmi les œuvres les plus emblématiques, Le Nageur et Le Petit pêcheur, tout en courbes, témoignent de sa perméabilité au style art déco ainsi qu’à l’univers des estampes japonaises, tandis que Lagrimas y penas, mettant en scène l’épouse du peintre – Juliette Rapin -, se distingue par ses qualités chromatiques, le traitement en aplats et l’étonnant raccourci de la figure couchée sur le ventre.
Augustin s’est également illustré dans le domaine du portrait, affirmant sa filiation avec le hiératisme de la Renaissance nordique, notamment Holbein. Ses natures mortes allient dépouillement formel dans la composition, précision du miniaturiste dans la description des différentes espèces et sensualité de la couleur dans la restitution chromatique des pétales.
Panneau de présentation
Je vous emmène faire un tour rapide dans cette petite “exposition” qui montre bien des tableaux intéressants réalisés sur une période d’un siècle, entre 1880 et 1980.
Pratiquement, cet accrochage mi-Rouart n’est pas une exposition payante avec réservation obligatoire, l’accès est libre et gratuit au même titre que les collections permanentes (sous réserve cependant du passe sanitaire exigé actuellement pour entrer au Petit Palais).
Pour en savoir plus :
- le dossier de presse de l’accrochage
- mon album photo (partagé avec l’exposition Vollard, voir les dernières photos).
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