Après avoir jeté un coup d’œil expert sur les plantes de notre environnement confiné, nous pouvons aussi porter notre regard sur les particularités architecturales de cet espace circonscrit. Ça alimente l’inspiration photographique et c’est une source de petites choses à apprendre pour peu qu’on cherche à en savoir un peu plus.
Par exemple, l’image en exergue est une photographie de la caserne Masséna de la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris, située le long du boulevard Massena dans le 13e. C’est la plus grande caserne de pompiers de Paris et l’une des plus grande d’Europe. Elle a été achevée en 1971 sur les plans des architectes Jean Willerval et Prvoslav Popovic.
Située un peu en hauteur, elle écrase de sa masse imposante (13 étages) le quartier environnant.
Son architecte, Jean Willerval, souhaite en finir avec la poésie corbuséenne de l’angle droit, en réinventant des formes « baroques ». Ce bâtiment se veut un vaisseau, une cité radieuse la poésie en plus, par l’arrondi général de la structure. Le style est proche du brutalisme.
La poésie de l’angle droit ? Le Corbusier ? Il suffit de traverser le boulevard Masséna pour trouver la réalisation de Le Corbusier à laquelle la caserne de Willerval prétend faire écho. Il s’agit de la Maison Planeix, villa-atelier d’artiste construite entre 1925 et 1928 par Le Corbusier et son cousin Pierre Jeanneret pour le sculpteur funéraire et peintre Antonin Planeix.
Cette habitation est l’une des rares maisons urbaines construites par le Corbusier. Alignée sur le boulevard et entourée d’immeubles mitoyens, liée par des passerelles à son jardin en terrasses, elle ne se distingue que par l’élégance de ses volumes et le choix de ses matériaux. Amateur d’art, Antonin Planeix contacte en 1924 la nouvelle agence parisienne du maître de l’architecture moderne et lui confie ce projet. Le Corbusier met ici en œuvre ses théories sur l’unité d’habitation, aux espaces calculés sur les proportions du corps humain. Achevée en 1927, la maison, qui devait être édifiée sur pilotis, accueille au rez-de-chaussée deux logements-ateliers à usage locatif.
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On parle souvent de Le Corbusier, beaucoup moins de son cousin Pierre Jeanneret, dont le concours aux réalisations du grand maître est largement sous-estimé. Pendant que Le Corbusier, bien que suisse, s’installait à Vichy et cherchait à se faire bien voir du régime de Pétain, son cousin Pierre entrait dans la résistance dans la région de Grenoble.
Nous avons la chance d’avoir dans notre périmètre de confinement (enfin presque, à quelques dizaines centaines de mètres près) trois autres réalisations corbuséennes, de plus grande envergure.
La première est la cité de refuge de l’Armée du Salut, immeuble situé rue Cantagrel, toujours dans le 13ème, à 400 m de la Maison Planeix. Depuis sa construction en 1933, c’est un établissement de l’Armée du salut destiné à l’accueil, à l’hébergement et à la réinsertion sociale.
À la Cité du refuge, achevée en 1933, Le Corbusier put enfin mettre en pratique ses idées sur l’habitat collectif. Ce programme a de quoi le passionner : il s’agit d’un bâtiment public d’accueil (logement, repas) et de travail, à vocation charitable. L’architecte doit prévoir services de réception, dispensaire, crèche, blanchisserie, entrepôt de vêtements et d’objets d’occasion, séparation des femmes et des hommes : une utopie dans un immeuble.
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Faisons demi-tour et gagnons à l’ouest, le long du périphérique, la Cité internationale universitaire de Paris.
La Cité U abrite deux autres immeubles conçus par Le Corbusier : la Maison du Brésil (en collaboration avec l’architecte Lucio Costa qui fut l’urbaniste en chef de Brasilia) et la Fondation Suisse (encore avec l’assistance de son cousin Pierre Jeanneret).
Commençons par des photos de la Maison du Brésil, située à l’ouest de la Cité U et visible depuis l’avenue Pierre de Coubertin. On reconnaît bien le style cité radieuse colorée de Le Corbusier. Je me contenterais bien de la loge du gardien implantée devant l’immeuble.
Quant à la Fondation Suisse, je ne trouvais aucune photo dans ma collection, nous y sommes retournés. En fait, c’est sans doute l’immeuble le plus moche de la cité, d’où ce peu d’intérêt …
Voila, lever les yeux est une bonne méthode pour en connaître un rayon (de confinement) !
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