Depuis des temps immémoriaux, les Hurons-Wendat ont occupé la région de la vallée du Saint-Laurent et la région des Grands Lacs. C’est le Grand Chef Huron-Wendat, Donnacona, qui a accueilli à Stadaconé et pris en charge l’explorateur français Jacques Cartier lors de son périple à la recherche des Indes.
Les Hurons-Wendat constituent une puissante confédération composée d’au moins quatre groupes dont la Nation du Rocher, la Nation de la Corde, la Nation du Chevreuil et la Nation de l’Ours. Issus de la grande famille iroquoienne, les Hurons-Wendat vivent dans de longues maisons, formant un village habituellement palissadé, à l’intérieur desquelles sont regroupés les gens d’un même clan matrilinéaire. La femme est au centre de la société huronne-wendat.
Les Hurons-Wendat s’établissent toujours prés d’un cours d’eau et d’un terrain escarpé, tout comme ici à Wendake. Leur subsistance est essentiellement basée sur les abondantes ressources fauniques, halieutiques et végétales du Nionwentsïo, leur territoire coutumier. Le commerce, que ce soit celui d’outils, du maïs, des fourrures ou d’autres produits issus du territoire, occupe une place de premier plan dans leur économie et leur mode de vie.
Mais l’agriculture est aussi présente, utilisant une technique ancestrale de cultures complémentaires, dite des Trois Sœurs.
Après avoir choisi et préparé le lieu où serait installé le village, les hommes wendat défrichaient l’espace qui allait servir à I’horticulture. Avec les arbres qu’ils avaient coupés pendant le défrichage, ils allaient construire leurs habitations et la palissade. Par la suite, pour ce qui est des champs, les femmes prenaient le relais. À l’aide de houes de bois, elles formaient des monticules d’environ un mètre de diamètre, distancés l’un de l’autre d’un mètre. Chacun de ces monticules abriterait entre cinq et dix grains de mais. Pour empêcher que les grains ne soient mangés par les oiseaux, ils étaient préalablement germés dans un mélange d’eau et d’herbes.
Les fèves et les courges allaient être plantées quelques semaines plus tard. Chez les Wendat, l’ensemble formé du maïs, des fèves et des courges se nomme les Trois Soeurs. Ce nom leur a été donné parce que ces plantes s‘entraident pour pousser. Le maïs sert de tuteur aux fèves, tandis que celles-ci fixent l’azote essentielle au maïs, dans le sol. Les larges feuilles des courges ombragent le terrain, ce qui aide a conserver I’humidité du sol et empêche l‘invasion du monticule par les mauvaises herbes.
Les Trois Sœurs n’étaient pas les seules occupantes d’un champ wendat. On y retrouvait aussi des tournesols et des topinambours. Le tournesol était cultivé pour son huile mais aussi pour attirer les insectes butineurs dans les champs. Quant au topinambour, on le cultivait pour son tubercule qui ressemble à une petite pomme de terre et peut être apprêté de diverses manières pour les repas.
La riviére Akiawenhrahk, toponyme huron-wendat de Ia rivière Saint-Charles, signifiant « truite », est au coeur du Nionwentsïo. Les Hurons-Wendat y pêchent entre autres, les salmonidés, tels l’omble de fontaine et le saumon atlantique, de même que |’anguille au pied même de la chute. La riviere Akiawenhrahk est également I’un des axes de circulation qui permet aux Hurons-Wendat de rejoindre les terres fréquentées vers le nord, jusqu’aux bras de la riviere Chicoutimi.
La chute de la riviére Akiawenhrahk est très présente dans la mythologie et l’imaginaire huron-wendat. Plusieurs contes et légendes, recueillis notamment par l’ethnologue Marius Barbeau en 1917 en font mention. Parmi celles-ci, figure la légende du Grand Serpent qui raconte qu’un ancien, s’étant endormi sous un arbre, avait reçu la visite d’un grand serpent qui avait élu domicile sous la chute.
Le 5 septembre 1760, dans le contexte de la guerre menant à la conquête de la Nouvelle-France, la Nation huronne-wendat à la tête de l’Alliance Franco-indienne, a conclu un traité d’alliance, de paix et de protection mutuelle avec le général britannique James Murray : le Traité Huron-Britannique de 1760. Reconnu unanimement en 1990, par la Cour Suprême du Canada, le traité protège les droits territoriaux, culturels, spirituels et commerciaux relatifs au Nionwentsio qui s‘étend au moins de la rivière Saint-Maurice, à l’ouest, près de la ville de Trois-Rivières, jusqu’à la rivière Saguenay, à l’est, prés du village de Baie Sainte-Catherine. ll se prolonge également sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, jusque dans le bassin de la grande rivière Saint-Jean.
La Nation huronne-wendat pratique toujours aujourd’hui plusieurs de ses coutumes ancestrales dans le Nionwentsïo, comme par exemple et sans s’y limiter, la chasse au gros et au petit gibier, la pêche de l’omble de fontaine et du saumon, le piégeage des animaux à fourrure, de même que la récolte de diverses ressources végétales, telles les plantes médicinales. Le territoire permet également aux ainés de transmettre leurs connaissances et leur savoir-faire aux nouvelles générations. Ainsi, le Nionwentsio est vital pour la Nation et se trouve au cœur même de son identité contemporaine.
La Nation huronne-wendat occupe son territoire national, le Nionwentsïo, depuis toujours dans le même esprit, soit de le protéger, de le défendre et de l’habiter à longueur d’année. Ceux et celles qui sont invités à le partager connaissent depuis toujours les règles de conservation en force et les lois huronnes-wendat qui prévalent. Protégeons le Nionwentsio pour tous nos enfants et les générations à venir.
Grand Chef Konrád Sioui
PS : Je suis revenu de notre périple au Québec avec un peu de matériau récupéré au musée huron-wendat de Wendake : des photos de panneaux d’information. Après une reconnaissance de caractères pour en tirer du texte, quelques photos perso et de wikipedia, voila ce matériau recyclé : zéro déchet !
Image en exergue : Three Huron-Wyandot chiefs from the Huron reservation (Lourette) now called Wendake in Quebec Canada. At far left is Michel Tsioui (Teachendale), war chief. Center is Stanislas Coska (Aharathaha), second chief of the council. At far light is Andre Romain (Tsouhahissen), first chief of the council – J. Dickinson – 1825 – source : Wikipedia (en)
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