Dans cet article, il n’y aura que des belle donne grâce au musée Condé du domaine de Chantilly qui nous dévoile sa Joconde nue accompagnée de toute une série de tableaux de la Renaissance qui s’en sont inspiré et qui représentent de belles dames.
La Joconde nue, c’est un dessin sur une double feuille encollée figurant une version dénudée de la Joconde : même position de trois-quarts, même position des mains, etc. Ce dessin est attribué sans aucun doute à l’atelier de Léonard de Vinci, le musée soutient qu’il est de la main du grand maître lui-même après l’examen approfondi auquel il a été soumis.
Les célébrations du 500° anniversaire de la mort de Léonard de Vinci en France offrent l’opportunité de convier à une enquête consacrée à l’un des chefs d‘œuvre les plus énigmatiques de Chantilly : la Joconde nue.
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Lors de son achat, elle passait pour un original ayant servi à l’exécution du tableau de l’Ermitage, que l’on donnait également à Léonard. Mais les critiques ne tardèrent pas à désattribuer les deux œuvres, les reléguant au rang de simples copies d’atelier. Depuis, les historiens de l’art se sont montrés partagés, certains y voyant l’œuvre d’un élève ou d’un suiveur, tandis que d’autres la donnaient au maitre en personne.
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Comment interpréter cette Joconde nue? Qui l’a réalisée? Quel est le rôle de Léonard dans cette création en général et dans le dessin de Chantilly en particulier ? Comme sa célébrissime cousine du Louvre, la Joconde nue de Chantilly pourra sans doute longtemps continuer de sourire…
Musée Condé
Peut-être ne saura-t-on jamais vraiment si ce dessin est un original ou une copie, s’il est de la main du maître … Peu importe en fait, l’œuvre est admirable et l’intérêt de l’exposition est aussi de montrer comment cette Joconde nue est devenue le modèle de plusieurs générations d’artistes à la Renaissance, à tel point que le musée parle d’un genre pictural nouveau.
Des “répliques” sont exposées, dont celle qui a été parfois attribuée au petit chouchou du Maître, Salai, et qui est venue du musée de l’Ermitage pour l’occasion.
Parmi les tableaux inspirés par ce modèle, il y a bien sûr la Joconde elle-même dont une admirable copie est exposée mais il faut également citer les portraits de la très belle Florentine Simonetta Vespucci, signés par Piero di Cosimo et Sandro Botticelli.
Remarque en passant : si vous voulez admirer la Joconde sans vous retrouver dans une ambiance de week-end noir à la bison fûté dans les couloirs et escaliers du Louvre, courez à Chantilly. Vous vous persuadez que ce tableau est l’original, que le misérable panneau du Louvre est une mauvaise copie et vous aurez pris l’air et payé moins cher pour votre périple en Picardie !
D’autres offrent une ressemblance avec le dessin “original” plus ou moins évidente.
On a même dégotté une sculpture antique qui aurait inspiré la coiffure de la Joconde nue.
Le second chapitre de l’exposition nous montre l’influence de ce modèle de belle dame en France. François Clouet, portraitiste officiel de la cour de François Ier, s’empare de la Joconde nue (venue dans les bagages de Léonard ?) pour en faire des dames nues au bain. Dans son sillage, c’est un genre qui va se développer pour célébrer la beauté, la fécondité, la maternité.
Nous avons parcouru cette exposition dans le plus grand confort : en effet nous avons été les seuls dans les salles du Jeu de paume où elle se déroule, alors que des flots de touristes se pressent dans le château.
D’où un nouveau conseil si vous voulez voir cette expo : allez directement à l’entrée du domaine située près du Jeu de Paume (en face des grandes écuries), vous pourrez y acheter un billet, non seulement pour l’exposition mais aussi pour le reste du domaine, château et musée Condé compris.
Clouet. Le miroir des dames
Justement, en quittant la Joconde nue, il est encore temps de pousser jusqu’au château pour continuer à explorer les œuvres de Clouet, pas seulement celles de François mais aussi celles de Jean, son père. Il s’agit, dans cette seconde exposition Le miroir des dames, qui se tient dans le Cabinet des arts graphiques, des portraits “à deux ou trois crayons” des dames de la cour de François Ier puis de celle d’Henri II et de Catherine de Médicis. D’ailleurs ces portraits du musée proviennent pour une grande partie de la collection de Catherine herself.
Une petite visite du reste du musée s’impose ensuite. C’est plein de belles choses, mais comme le duc d’Aumale a exigé, lorsqu’il a fait don du domaine dans son ensemble à l’Institut de France, que rien ne soit modifié dans l’accrochage des œuvres de ses collections, il n’y a finalement pas grand chose de nouveau depuis ma dernière visite. Dommage, je suis persuadé que le musée gagnerait à être exploité de manière plus … dynamique.
L’environnement du château est superbe, surtout sous un beau soleil.
Comme promis, il n’y a que de belles dames dans cet article. Quoique … je ne sais pas vous, mais moi, je trouve que la Joconde nue et ses répliques les plus proches ont une apparence un peu ambiguë, androgyne quoi ! Celle qui me plait le plus, c’est bien Simonetta Vespucci, la belle florentine.
2 commentaires
Matatoune · 12 août 2019 à 14 h 30 min
Chouette chronique ! Tout à fait d’accord : peu de monde pour cette expo et La Joconde nue fait un peu beaucoup androgyne !
La Joconde nue se dévoile à Chantilly - Périples et pérégrinations - DESSIN OU PEINTURE · 19 août 2019 à 8 h 00 min
[…] Source : La Joconde nue se dévoile à Chantilly – Périples et pérégrinations […]