Non loin du parc de Sceaux, à une dizaine de kilomètres au sud de Paris, le département des Hauts-de-Seine abrite un ensemble de parcs et de jardins de toute beauté, sous le joli patronyme de parc de la Vallée-aux-Loups, qui constitue un objectif de balade à la fois naturelle, botanique et culturelle.

Cette propriété du Conseil départemental 92 comporte plusieurs lieux de visite dont un arboretum et la maison de Chateaubriand au milieu de son parc arboré. Il y a aussi un parc boisé et une ancienne propriété dénommée l’Île verte.

Vallée aux Loups – Arboretum

Pour notre première balade, nous nous sommes contentés des deux premiers. Et cela nous a tellement enchantés que nous retournerons sans tarder parcourir les deux autres.

L’arboretum constitue le volet botanique du périple. C’était autrefois un établissement horticole célèbre, les pépinières Croux, situé au cœur d’un vaste territoire considéré comme la “terre promise de l’horticulture parisienne”. Le parc autour du château de 18ème siècle a été transformé en arboretum en 1986, des collections de convolvulacées, d’aulnes ou de châtaigniers se sont ainsi ajoutées aux arbres centenaires et aux plantations des Croux encore présentes sur le site.

Promenade édénique, les aménagements paysagers sont très agréables, de nombreux arbres remarquables ponctuent le parcours.

Mais l’arbre qui m’a le plus impressionné est sans conteste le cèdre bleu pleureur de l’Atlas, unique au monde. Découvert non loin de là dans une pépinière concurrente, il a été transplanté par les Croux en 1895 à son emplacement actuel. C’est le pied-mère de tous les cèdres bleus pleureurs d’Europe ! Pénétrer sous sa ramure confère une sensation de fraîcheur bienfaisante en cette après-midi presque caniculaire.

Vallée aux Loups – Arboretum
Vallée aux Loups – Arboretum

Afin de soutenir la charpentière (les longues branches) du cèdre, il a été fait appel à un artiste, Francis Ballu, pour concevoir des étais. Les sculptures en résine qu’il a créées à cette fin sont très belles et l’ensemble donne l’illusion d’être dans la nef d’une cathédrale.

Vallée aux Loups – Arboretum
Vallée aux Loups – Arboretum

Place à la culture maintenant. À la sortie de l’arboretum, il suffit de traverser la rue Chateaubriand la bien nommée pour entrer dans le domaine de la Vallée-aux-Loups qui a donné son nom au parc dans son ensemble et qui fut, pendant une dizaine d’années au début du 19ème siècle, la demeure de François-René de Chateaubriand. Bien qu’assez courte, cette occupation par le célèbre, et un tantinet conservateur, écrivain justifie la transformation de la Maison de Chateaubriand en musée départemental. Agréable visite dans ce bâtiment composé de trois ailes dont seule la centrale existait au temps de François-René et dont la décoration comporte certains meubles et objets ayant véritablement appartenu à l’écrivain.

La Maison de Chateaubriand comprend des espaces pour les expositions temporaires et le musée nous en propose une consacrée à l’artiste contemporain André Boubounelle et à ses paysages. Beaucoup de tableaux intéressants.

En sortant de la maison, il faut également se promener dans le parc attenant qui abrite quelques arbres remarquables dont certains ont été plantés par le couple Châteaubriand. On passe devant la Tour Velleda dans laquelle l’écrivain avait aménagé un bureau bibliothèque où il rédigea quelques-uns de ses chefs-d’œuvre.

Voila, tout cela me donne envie de relire les Mémoires d’outre-tombe dont les premières lignes racontent la Vallée-aux-Loups et qu’il commence à rédiger dans la tour Velleda.

Il y a quatre ans qu’à mon retour de la Terre Sainte, j’achetai près du hameau d’Aulnay, dans le voisinage de Sceaux et de Châtenay, une maison de jardinier, cachée parmi les collines couvertes de bois. Le terrain inégal et sablonneux dépendant de cette maison n’était qu’un verger sauvage au bout duquel se trouvait une ravine et un taillis de châtaigniers. Cet étroit espace me parut propre à renfermer mes longues espérances. Les arbres que j’y ai plantés prospèrent, ils sont encore si petits que je leur donne de l’ombre quand je me place entre eux et le soleil. Un jour, en me rendant cette ombre, ils protégeront mes vieux ans comme j’ai protégé leur jeunesse. Je les ai choisis autant que je l’ai pu des divers climats où j’ai erré, ils rappellent mes voyages et nourrissent au fond de mon cœur d’autres illusions.  […]

Ce lieu me plaît ; il a remplacé pour moi les champs paternels ; je l’ai payé du produit de mes rêves et de mes veilles ; c’est au grand désert d’Atala que je dois le petit désert d’Aulnay ; et, pour me créer ce refuge, je n’ai pas, comme le colon américain, dépouillé l’Indien des Florides. Je suis attaché à mes arbres; je leur ai adressé des élégies, des sonnets, des odes. Il n’y a pas un seul d’entre eux que je n’aie soigné de mes propres mains, que je n’aie délivré du ver attaché à sa racine, de la chenille collée à sa feuille; je les connais tous par leurs noms, comme mes enfants : 
c’est ma famille, je n’en ai pas d’autre, j’espère mourir auprès d’elle.

François-René de Chateaubriand – Mémoires d’outre-tombe – Livre premier

Cet étroit espace me parut propre à renfermer mes longues espérances, il avait du style le vicomte ! Cependant, il n’y mourra pas car il avait vendu cette propriété 30 ans auparavant, un peu ruiné. Décédé rue du Bac à Paris en 1848 – sans doute la chute de la Monarchie de Juillet et l’instauration de la République quelques mois plus tôt l’ont achevé – , il est enterré sur l’îlot du Grand Bé en face de Saint-Malo.

Après cette belle balade, nous prenons le chemin du retour. À quelques kilomètres, c’est la superbe perspective du château et du parc de Sceaux qui s’offre à nous.

Parc de Sceaux

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