Après Versailles et Saint-Germain-en-Laye, nous poursuivons nos visites « royales » en poussant jusqu’à Rambouillet et sa magnifique forêt. Cette fois-ci, plus que le château, nous souhaitons (re)découvrir la forêt domaniale dans laquelle nous avions fait de jolies balades à vélo et en roller il y a de nombreuses années. À l’époque, nous nous rendions sur place en bagnole mais aujourd’hui c’est en vélo que nous faisons le déplacement estimé à un peu plus de 60 kilomètres depuis Paris.

Reprenant pour une bonne partie quelques sections de la Véloscénie, qui mène de Paris au Mont-Saint-Michel, l’itinéraire que nous choisissons est le plus sage en terme de dénivelés, tout en favorisant les voies cyclables en site propre. De Paris à Massy, le trajet est classique et emprunte la coulée verte qui suit la ligne TGV Atlantique. De Massy à Orsay puis Bures-sur-Yvette, on suit le réseau routier classique, parfois équipé de pistes cyclables, au milieu du trafic automobile.

À Bures-sur-Yvette, ça devient plus intéressant parce la Véloscénie nous fait passer à nouveau par le viaduc des Fauvettes que nous avons visité récemment lors d’une randonnée. Rappelons que le viaduc, élément d’une ligne ferroviaire Paris-Chartres par Gallardon construite au début du 20e siècle et jamais mise en service, a été restauré à la fin du même siècle et fait désormais partie de la coulée verte de l’Yvette.

C’est aussi un lieu d’escalade et d’entraînement à la spéléologie car c’est la « plus haute falaise d’Île-de-France » ! Aujourd’hui, le viaduc est désert et nous pouvons profiter d’un temps plus ensoleillé que lors de notre précédente visite. Arrêt pique-nique indispensable, nous avons fait la moitié du parcours.

Sur le viaduc des Fauvettes

Un peu plus loin, l’ancien chemin de fer Paris-Chartes sert de support à la voie verte du pays de Limours, aussi dénommée voie verte de l’Aérotrain. En effet, sur 6 kilomètres, à la fin des années 60, cette portion de la voie ferrée fut aménagée pour permettre les tests de l’Aérotrain, invention de l’ingénieur français Jean Bertin.

L’Aérotrain est un véhicule se déplaçant sur un coussin d’air, et guidé par une voie spéciale en forme de T inversé, formant par nécessité un site propre. Il peut être propulsé par une hélice (moteur d’aviation), une turbine, un turboréacteur ou un moteur électrique linéaire, et est supporté par un coussin d’air, ce qui lui permet de se déplacer sans contact avec la voie, et donc sans frottement avec cette dernière. Son principe de fonctionnement emprunte aussi à la technique du monorail.

Wikipedia

Tous ces projets furent abandonnés en 1974 lorsque le lobby de la SNCF réussit à convaincre le nouveau président de la République qu’il fallait plutôt investir dans le TGV.

Après 50 ans d’abandon, ce linéaire s’est petit à petit re-naturé et il accueille donc depuis quelques années une voie cyclable le long de laquelle on peut découvrir quelques informations sur l’Aérotrain et sur le retour de la biodiversité …

Voie verte de l’Aérotrain, à gauche le T inversé en béton servant de rail
Une anamorphose représentant une rame de l’Aérotrain
Sur le rond-point voisin, une œuvre d’art – © Saulterre 2004 – rappelle l’aventure de l’Aérotrain

À la fin de la voie verte, retour à la réalité des routes départementales. Nous avons décidé de couper directement vers Rambouillet via Cernay-la-Ville, plutôt que de suivre la Véloscénie qui nous rallongeait la route d’une bonne dizaine de kilomètres. Sur quelques kilomètres, pas de piste cyclable, on mesure de près l’inconscience de certains automobilistes. De plus, ça manque de charme et heureusement, à quelques kilomètres de Rambouillet, la piste cyclable qui longe la D906 plonge dans la forêt et nous fait suivre des voies en bon état réservées aux circulations douces.

Nous arrivons à notre hôtel situé au centre ville de Rambouillet, où nous prenons quelques instants de repos avant de sortir nous balader dans le parc du château.

Le château de Rambouillet

Le domaine national de Rambouillet mesure plus de mille hectares mais seule une petite centaine est ouverte au public près du château. Des sentiers permettent de s’y promener à pied et à vélo, autour d’un bassin où des îles artificielles ont été aménagées. Elles sont aujourd’hui interdites d’accès et constituent des réserves de biodiversité.

Le parc du château et ses îles

Le reste du parc est assez sympathique, on y rencontre des statues, une chaumière aux coquillages, des petits ponts en pierre et même une grotte des deux amants

Nous quittons les jardins du château pour un petit tour en centre ville, bien moins intéressant et animé que celui de Saint-Germain-en-Laye. Nous finissons par dîner au restaurant situé près de l’hôtel, le Restaurant Bisson où nous nous régalons d’une brochette de Saint-Jacques à l’ail, d’une pana cotta au parmesan et œuf poché, d’une andouillette poêlée et d’un dos de lieu noir au chou vert et chorizo, sans oublier un nougat glacé et une crème brulée noisette poires pochées caramélisées et crumble, avec une dose raisonnable de Chardonnay Latour.

Le lendemain, nous avons prévu d’aller jusqu’à Montfort-L’Amaury, distante de 25 kilomètres en empruntant la piste cyclable qui traverse la forêt des Rambouillet vers le nord. Promenade extrêmement agréable, sur une piste bien aménagée, sous un beau soleil de fin d’été. Nous faisons une petite halte à la Croix puis à la mare de Vilpert, longeons les étangs de Hollande, puis celui de la Plaine avant de plonger sur Montfort-L’Amaury. Nous reconnaissons certains lieux que nous avions déjà parcourus il y a quelques années.

C’est un très joli village, conservé dans son jus historique, voire médiéval, même si les voitures pourraient être un peu plus exclues des rues étroites du centre. Le lieu est aussi connu pour la dernière demeure de Maurice Ravel, villa dénommée le Belvédère, d’où la vue sur la vallée doit être sympathique et inspirante.

Le Belvédère, dernière demeure de Maurice Ravel

Il est temps de songer à déjeuner, nous choisissons le restaurant La Place sur la place de la Libération, juste en face de l’église Saint-Pierre (tartare et burger frites). Bien qu’ensoleillé, le temps est assez frais et nous pouvons manger à une table en plein soleil. suffisamment restaurés, nous partons à la découverte du village : le monument le plus étonnant est sans conteste le cimetière des 15e et 16e siècles, entouré de galeries, semblables à celle d’un cloître, ayant servi de charniers pour l’inhumation des corps retirés de l’ancien cimetière à l’emplacement de l’église. On accède au cimetière par une belle porte de style gothique flamboyant.

L’entrée du cimetière de Montfort-L’Amaury
Le cloître du cimetière de Montfort-L’Amaury
Le cimetière de Montfort-L’Amaury

Nous continuons notre balade dans les vieilles rues du village en terminant par une visite de l’église.

Sur le chemin de retour vers Rambouillet, nous faisons un détour par le pont Napoléon qui traverse l’étang Saint-Hubert. Cet ouvrage réservé aux piétons et vélos mène directement aux ruines du rendez-vous de chasse de l’Empereur (Napoléon III, dit le Petit) aussi dénommé Pavillon de Pourras.

En arrivant à Rambouillet, nous faisons à nouveau un petit tour dans le parc du château, à vélo cette fois-ci pour en découvrir un peu plus. L’occasion de passer devant la laiterie de la reine, petite folie construite par Louis XVI pour distraire sa tendre et chère Marie-Antoinette qui s’ennuyait ferme en ce château.

Rambouillet, la laiterie de la reine

Encore une bonne cinquantaine de kilomètres aujourd’hui, nous dînons d’une salade au restaurant de l’hôtel. Le lendemain, c’est retour vers la capitale. La route sera globalement la même, mais nous souhaitons nous arrêter près de Cernay-la-Ville sur le site de l’abbaye des Vaux-de-Cernay.

L’abbaye des Vaux-de-Cernay est un ancien monastère cistercien datant du 12e siècle. Elle se situe dans l’est de la forêt de Rambouillet au fond d’une vallée. Pour la rejoindre depuis Rambouillet, j’ai concocté un itinéraire direct dont les derniers mètres empruntent un sentier caillouteux et raviné qui nous oblige à mettre pied à terre. Heureusement que c’est en descente.

Le site de l’abbaye est tout simplement fabuleux. Depuis la Révolution et le renvoi de la communauté monastique, le site est passé entre les mains de plusieurs propriétaires privés, jusqu’à appartenir depuis quelques années à des groupes hôteliers de luxe, qui ont réalisé des rénovations et des aménagements assez superbes.

L’abbaye des Vaux-de-Cernay

Le domaine de l’abbaye est accessible à tous. Comme on le voit sur la photo ci-dessus, c’est un mélange de bâtiments rénovés dans un style ancien, respectant les racines historiques des lieux, consacrés à l’hébergement hôtelier, et de ruines de l’ancienne abbatiale.

L’envie est forte de revenir y passer quelques jours pour goûter à la beauté et au calme du site dans un des hébergements proposés. Un curieux pavillon japonais en bordure de l’étang avec terrasse au niveau de l’eau en faisait aussi partie mais il semble être en travaux.

Nous reprenons la route via Cernay-la-Ville, la voie verte de l’Aérotrain, le viaduc des Fauvettes, etc, etc. Retour sans encombre à Paris à l’issue de ce périple de plus de 150 kilomètres en 3 jours.


1 commentaire

georgessaulterre · 4 juin 2022 à 21 h 30 min

Bonjour, afin de respecter le Code de la Propriété Intellectuelle, auriez vous la courtoisie de bien vouloir compléter la description de l’Aérotrain en indiquant le nom de son créateur : © Saulterre 2004 comme vous avez fait pour le photographe qui a réalisé cette prise de vue ? Merci par avance. Cordialement, Saulterre

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