L’église Saint-Germain-des-Prés, toute première basilique de la capitale, construite à partir de 543, compte parmi les joyaux de notre patrimoine. L’état général de l’église s’est progressivement dégradé au cours des siècles, nécessitant d’importants travaux de restauration des décors intérieurs et des œuvres d’art.

L’église Saint-Germain-des-Prés – Clocher-porche occidental

Depuis quelques années, la visite de l’église était difficile en raison des chantiers qui cachaient à la vue une grande partie des décors. Nous avions eu l’occasion, courant 2018, de pouvoir contempler le transept, le sanctuaire et le choeur rénovés alors que la nef était encore emmitouflée derrière des palissades. Et le 28 février dernier (2020), nous avons découvert avec émerveillement l’ensemble de l’église, restaurée, colorée, libérée.

Église Saint-Germain-des-Prés

On doit la décoration de l’église telle qu’elle apparaît aujourd’hui à Hippolyte Flandrin, peintre français du 19e, élève de Jean-Auguste-Dominique Ingres. C’est l’architecte Victor Baltard, celui des pavillons des Halles de Paris, chargé de la restauration de l’église à partir de 1842, qui fit appel au peintre pour imaginer et exécuter un décor inspiré de la tradition médiévale. Victor, grand prix de Rome, avait séjourné à la Villa Medicis à Rome alors que Dominique Ingres en était le directeur.

On pénètre dans l’église sous un ciel bleu parsemé d’étoiles. Puis on remarque les fresques qui recouvrent la presque totalité des murs et des voûtes. Seul le transept sud a échappé à l’ornementation, le peintre ayant succédé à Hippolyte à sa mort étant lui-même décédé avant d’avoir terminé son travail.

Église Saint-Germain-des-Prés

De 1842 à sa mort en 1864, Hippolyte Flandrin mènera plusieurs campagnes de décoration. Il puisera son inspiration chez ses contemporains, au premier rang desquels son maître Ingres, mais également chez les peintres italiens des 14e et 15e siècles, comme Raphaël, le Perugin, Giotto. Il s’efforcera de retrouver les gestes et les matériaux de la peinture à la cire par nostalgie de la fresque, technique que l’on a presque complètement oubliée à cette époque en France.

Eugène Atget a photographié l’église au tout début du 20e siècle, peut-être pour faire un inventaire du patrimoine religieux qui est tombé dans l’escarcelle de la Ville de Paris après la loi de 1905. On y distingue les peintures qui ont l’air d’avoir perdu de leur superbe, 50 ans ou plus après avoir été exécutées.

On peut comparer avec la situation actuelle au niveau du sanctuaire.

Hippolyte Flandrin fut très vite distingué dans le genre pictural des tableaux d’histoire et du décor monumental, ce qui lui valut une grande renommée auprès de ses contemporains. Cette restauration, magnifiquement menée 150 ans après sa disparition, est un hommage à son talent.

Hippolyte Flandrin est particulièrement célébré à Lyon, sa ville natale. Une exposition consacrée à l’artiste et à ses deux frères se tiendra au musée des Beaux-Arts de Lyon au printemps 2021.

En prélude à cette exposition, le musée nous propose de découvrir cette réalisation majeure de l’artiste. Les pages de son site web qui y sont consacrées sont extrêmement intéressantes, je vous invite à aller les consulter pour tout savoir sur le décor de l’église Saint-Germain-des-Prés, à Paris.

À cette occasion, une visite virtuelle des décors est mise en ligne.


Sinon, le Fonds de dotation pour le rayonnement de l’église Saint-Germain-des-Prés, qui finance par le mécénat une partie de la restauration aux côtés de la Ville de Paris, maître d’ouvrage de l’opération, met en ligne un dossier complet sur l’opération qui devait s’achever en 2020 (mais avec ce confinement, je pense qu’on a du prendre un peu de retard sur quelques finitions).

Voila une belle idée de visite, vous en sortirez sans aucun doute émerveillé par la qualité du travail accompli depuis 150 ans pour nous faire vivre une certaine idée du patrimoine.


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