Le bois de Vincennes est le plus grand espace vert de Paris avec ses presque 1000 hectares (995 en réalité, mais le titre de l’article aurait été moins percutant).

J’adore aller m’y balader, quasi quotidiennement, car ses paysages sont en perpétuel changement selon l’heure du jour, la météo et aussi la saison. 

Il y a aussi les photos de l’article précédent.

Cet espace forestier existe depuis toujours, en liaison directe avec le château de Vincennes dont il constituait les réserves de chasse pour les souverains qui y résidaient, jusqu’à la Révolution où les militaires en ont fait leur terrain de manœuvre.

Puis, au Second Empire, il a été aménagé tel qu’on le connaît aujourd’hui « pour fournir un vaste parc aux populations laborieuses de l’Est parisien ». Le réseau hydraulique avec rivières et lacs est construit, de nombreuses plantations sont effectuées et des édifices « pittoresques » sont installés ici et là.

Lors de mes pérégrinations sur Gallica, je suis tombé sur un livre publié en 1866 Le bois de Vincennes, décrit et photographié par Émile de La Bédollière et Ildefonse Rousset. Sa date de publication, juste à la fin de son aménagement, en fait un document intéressant à lire car il raconte l’histoire des lieux au travers d’une promenade complète et fort bien documentée. 

Même si beaucoup de choses ont évolué depuis un siècle et demi, on trouve déjà dans cette description ce qui fait tout le charme et le pittoresque du nouveau parc : « quoi de plus curieux, dans l’Europe entière, que le bois de Vincennes, naguère aride, arrosé maintenant par des eaux murmurantes, création de la nature complétée par la main des hommes, parc des rois devenu le parc du peuple ».

 

On peut s’amuser à mettre en regard les photographies du livre et celles de ma galerie ci-dessus : les rivières et les sous-bois sont bien les mêmes ! Par contre, les arbres se sont bien développés et il est maintenant parfois plus difficile d’avoir des vues aussi dégagées.

Je me suis bien entendu également livré à une comparaison avant-après entre le plan du bois annexé au livre de 1866 et la carte actuelle piquée sur Open Street Map.

Cette fois-ci, j’ai été plus rigoureux dans la superposition des deux images puisque j’ai géoréfrencé le plan du livre à l’aide du logiciel QGIS version 3 en m’appuyant sur les données géographiques d’Open Street Map. Il suffit ensuite d’exporter chacune des deux couches de la carte dans deux images de mêmes dimensions et le tour est joué. La preuve.

Dans le comparatif ci-dessus, les cartes sont assez peu lisibles, aussi je vous les propose avec une meilleure définition.

Je peux vous fournir le plan de 1866 au format Géotiff !

Une des modifications majeures du 20ème siècle est la construction de l’autoroute A4 entre la limite sud du bois et la Marne : cette construction a provoqué au moins deux changements importants. Le premier est que le pompage d’eau dans la Marne pour alimenter le lac de Gravelle a été supprimé et que l’eau provient désormais de la Seine au pont d’Austerlitz (elle alimente depuis le lac de Gravelle presque tout le réseau hydraulique artificiel du bois). Le second changement est la destruction de la redoute de la Faisanderie (tout à droite). En « compensation » de cette destruction, le frère jumeau du zouave du pont de l’Alma, le Chasseur à pied, a été installé au-dessus de l’autoroute à l’occasion de la reconstruction du pont à Paris qui ne pouvait plus l’abriter.

Voici également le plan officiel du bois de Vincennes sur le site de la Ville de Paris. Mais il n’est pas géoréférencé.

Vous avez peut-être tout près de chez vous, les côtes de Bretagne, les plages du Cotentin, le maquis corse, les calanques de Marseille ou les sommets des Alpes et des Pyrénées, et vous devez vous moquer du Parisien qui s’émerveille de son petit bout de verdure coincé entre autoroute, périphérique et ligne de RER. Mais il n’empêche que ce bois est très attrayant et qu’il mérite bien plus qu’un simple détour.


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