Il est des thèmes que l’on rencontre assez fréquemment en parcourant les collections des musées. Ils relèvent souvent de l’histoire religieuse ou de la mythologie et permettent de réviser ses classiques au cas où on les aurait un peu oubliés.
Ainsi, l’histoire de la belle Judith et du général Holopherne. Dans l’Ancien Testament de la Bible, Judith, une jeune et pieuse veuve juive, sauve la cité de Béthulie, assiégée par le séide de Nabuchodonosor, Holopherne, en séduisant celui-ci, puis en le décapitant dans son sommeil.
De nombreuses peintures illustrent cet épisode sanglant, que j’ai eu l’occasion de photographier pour certaines d’entre elles.
Orazio Gentileschi est un peintre italien dit « caravagesque », spécialisé dans les compositions religieuses. Il est également le père de l’artiste Artemisia Gentileschi qui a également réalisé un tableau sur cet épisode biblique (ci-dessous).
Réalisés à peu près à la même époque et sans doute côte à côte dans le même atelier, celui d’Orazio, ces deux peintures sont cependant très différentes dans le récit qu’elles proposent.
En fait, parmi toutes ces représentations, seule celle d’Artemisia nous montre l’acte même de la décapitation d’Holopherne, les autres se contentant de saisir la scène soit juste avant l’attaque par Judith et sa servante soit juste après lorsqu’elles exhibent la tête. Il y a une grande violence dans la tableau d’Artemisia, on peut y voir de sa part l’expression de sa rébellion face à la domination masculine, surtout après le viol dont elle avait été victime et l’humiliation qu’elle avait subie tout au long du procès qui s’en était suivi.
Pensez qu’elle avait du subir la torture, au sens littéral, comme cela était en pratique à l’époque, pour que les juges s’assurent de la véracité de ses propos ! Elle aurait pu y perdre l’usage de ses mains, mais elle n’a pas craqué et son violeur a été condamné (l’Église a continué à le protéger, ce n’est pas nouveau, et il est surtout connu pour avoir poursuivi ses agressions contre les jeunes femmes qu’il était censé former).
Artemisia, elle, se mariera pour « retrouver » sa réputation mais avec un bon-à-rien qui vivra à ses crochets et dont elle semble s’être séparé par la suite. Elle restera très proche de son père qui l’aura soutenu dans ces épreuves difficiles.
Continuons avec les autres tableaux qui me semblent bien calmes en comparaison.
Le musée de Nantes nous précise : « soucieux de peindre avec élégance ce sujet sanglant, l’artiste montre Judith après la décapitation. La jeune héroïne au visage angélique, blonde ici comme chez Le Caravage, met la tête du général dans le sac tendu par sa servante et s’apprête à fuir. L’influence de Gentileschi se ressent dans le coloris des tissus, le grand rideau rouge et la grâce de Judith.
Plusieurs noms d’artistes florentins pour la grâce de Judith ou encore flamands pour le traitement des matières et du visage de la servante ont été avancés comme possibles auteurs de cette toile. Peut-être faut-il envisager un peintre français qui aurait su mêler ces différenles influences ? »
J’en ai peut-être d’autres, cachés au fond de ma bibliothèque. À l’occasion je viendrai les rajouter à cet inventaire.
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